Le parquet polonais d'Ostroleka, au nord de Varsovie, a annoncé mercredi avoir ouvert une enquête sur l'abattage et la commercialisation de bovins malades par un abattoir local, suite à un reportage télévisé d'un journaliste qui s'était fait embaucher sur ce site. Alerté sur l'affaire, le commissaire européen à la Santé et à la Sécurité alimentaire, Vytenis Andriukaitis, a annoncé mercredi une inspection sur place et appelé les autorités polonaises a assurer le respect des normes européennes en la matière, alors que la Pologne est un grand exportateur de viande en Europe.
Des quartiers de viande visiblement impropres à la commercialisation. Un journaliste de la chaîne commerciale TVN24 a passé trois semaines dans l'abattoir de Kalinowo, à 100 km au nord-est de la capitale, dont il a publié des images de bovins traînés la corde au cou, manifestement malades, serrés dans un camion, puis de carcasses entassées et de quartiers de viande visiblement impropres à la commercialisation. Interrogé mercredi soir, le ministre polonais de l'Agriculture, Jan Krzysztof Ardanowski, a estimé qu'il s'était agi d'un "incident isolé". Il a déclaré avoir ordonné un contrôle sanitaire dans l'ensemble des abattoirs du pays.
"Nous avons affaire à une pathologie : sur un site, des vaches malades étaient abattues à l'insu et sans le feu vert des vétérinaires", a-t-il dit à la chaîne publique TVP Info . Il a fustigé "les bandits et les voleurs qui font des choses pareilles", tout en critiquant la chaîne TVN24 de ne pas en avoir saisi le parquet mais avoir attendu avec la diffusion de ces images de manière à "nuire à l'agriculture polonaise". Le commissaire Andriukaitis a indiqué avoir demandé à ses inspecteurs de se rendre en Pologne "dès lundi, pour évaluer la situation sur le terrain". "La priorité aujourd'hui est de retracer et de retirer du marché tous les produits originaires de cet abattoir", a-t-il insisté dans un communiqué.
De "petites quantités" exportées dans d'autres pays de l'UE. Vytenis Andriukaitis a appelé les États membres concernés à agir rapidement, et exhorté les autorités polonaises à achever "d'urgence" leurs enquêtes, prendre les mesures nécessaires pour garantir le respect de la législation européenne et à sanctionner les auteurs de tels "comportements criminels" dangereux pour la santé publique. Le ministre polonais a indiqué à l'agence PAP que la viande de l'abattoir de Kalinowo, désormais fermé, avait été distribuée surtout en Pologne mais que "de petites quantités" sont allées dans quelques pays de l'UE, sans préciser leur nom.
Les autorités slovaques ont annoncé mercredi avoir découvert au moins trois cargaisons de viande de bœuf importée de Pologne voisine, qu'elles estiment liées à cette affaire. "Des cargaisons de viande bovine provenant d'établissements à haut risque en provenance de Pologne avaient été livrées à trois unités de transformation en République slovaque", ont annoncé les services vétérinaires et alimentaires de ce pays dans un communiqué.
2,7 tonnes de viande de bœuf malade exportées vers 10 pays. Presque trois tonnes de viande de bovins malades illégalement abattus en Pologne ont été exportées dans dix pays, a précisé jeudi l'Inspection vétérinaire polonaise, après que le parquet eut ouvert une enquête sur cette affaire. "2,7 tonnes ont été vendues à des pays membres de l'UE" (Finlande, Hongrie, Estonie, Roumanie, Suède, France, Espagne, Lituanie, Portugal et Slovaquie), a déclaré le responsable des services vétérinaires polonais, Pawel Niemczuk. "Les listes de distribution sont établies et la marchandise est retirée par l'entreprise qui l'a envoyée", a-t-il ajouté, précisant que la viande était rapidement retirée du commerce, et que certains pays l'avaient déjà détruit. Par ailleurs, près de 7 tonnes de viande provenant de cet abattage ont été distribuées dans une vingtaines de points de vente en Pologne.