débat trump Biden  Etats-unis présidentielle  JIM WATSON, SAUL LOEB / AFP 1:31
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Xavier Yvon, avec AFP, édité par Séverine Mermilliod , modifié à
Invectives, railleries, attaques personnelles... Le premier débat entre le républicain Donald Trump et le démocrate Joe Biden a offert dans la nuit de mardi à mercredi un spectacle particulièrement chaotique à 35 jours d'une élection présidentielle américaine sous haute tension.
ANALYSE

Donald Trump et Joe Biden ont commencé à batailler mardi dès l'ouverture de leur premier débat à Cleveland, dans l'Ohio, concentrant leurs vifs échange sur l'assurance-santé et le Covid-19, dans une ambiance électrique à 35 jours de l'élection présidentielle américaine. Europe 1 était sur place pour ce débat très difficile à regarder. 

"Will you shut up, man ?"

Le président sortant a harcelé Joe Biden pendant une heure et demie avec des interruptions incessantes. Le démocrate a tenté de garder son calme, d'abord avec des sourires moqueurs, puis des rires, puis des soupirs. "Tout le monde sait que c'est un menteur", a-t-il lancé, très en verve, au sujet du président républicain, après moins de quinze minutes de duel télévisé suivi par des dizaines de millions d'Américains. Enfin, alors que la cacophonie l'emportait, l'ancien vice-président a ensuite demandé au 45e président des Etats-Unis de "la fermer". "Will you shut up, man?", phrase déjà imprimée sur des t-shirts mis en vente en ligne par la campagne Biden.

Plusieurs fois, il l'a même traité de clown : "C'est difficile de dire un mot avec ce clown", s'est agacé Joe Biden, après un peu moins d'une heure d'échanges houleux et d'invectives entre les deux candidats. "Pardon, cette personne", s'est-il immédiatement corrigé.

Et le public a même assisté à un moment inédit : le modérateur du débat, le très sérieux Chris Wallace, journaliste de Fox News, a dû lever la voix. "Gentlemen, ça suffit", les a-t-il rappelés à l'ordre et surtout le président. Plusieurs fois, il a regretté, à raison, qu'il n'y ait pas plus de substance et d'idées dans ce débat - ou plutôt cette foire d'empoigne.

"Il n'y a rien d'intelligent en vous"

"Il n'y a rien d'intelligent en vous", a de son côté raillé Donald Trump, qui ne cesse de mettre en doute la santé physique et mentale de son rival et qui espérait une bonne soirée ou un faux-pas de son adversaire pour refaire son retard dans les sondages. Le milliardaire républicain, qui brigue un second mandat, a tenté d'accuser Joe Biden, issu de l'aile modérée du parti démocrate, de vouloir un système de santé "socialiste" défendu par la gauche radicale. "La gauche radicale vous manipule comme une marionnette", a attaqué le milliardaire républicain, assurant que Joe Biden se montrerait faible face à la criminalité et la violence s'il était élu à la Maison Blanche. "Vous ne voulez rien dire sur la loi et l'ordre", a-t-il ajouté face à l'ancien vice-président.

Joe Biden a ensuite dénoncé la volonté du locataire de la Maison Blanche d'installer une juge conservatrice à la Cour suprême juste avant le scrutin du 3 novembre. "Ce qui est en jeu ici, c'est que le président a dit clairement qu'il veut se débarrasser de l'Affordable Care Act", la loi d'assurance-maladie plus connue sous le nom d'"Obamacare", a-t-il déploré. Il a également accusé Donald Trump d'être "le caniche" du dirigeant russe Vladimir Poutine : "Il refuse de dire quoi que ce soit à propos des primes pour tuer des soldats américains", a lancé l'ancien vice-président de Barack Obama. Selon plusieurs médias américains, des agents russes auraient en effet distribué de l'argent à des combattants "proches des talibans" pour qu'ils tuent des soldats américains en Afghanistan.

Pas d'engagement de Trump sur le résultat des élections

Au final, Donald Trump n'a pas obtenu la victoire qu'il cherchait pour remonter dans les sondages. Malgré des attaques sur son fils Hunter et ses affaires en Ukraine, Biden n'a pas craqué. Il s'est même habilement adressé aux téléspectateurs plusieurs fois en regardant la caméra pour faire passer ses messages, et notamment celui-là : "Trump est le pire président de l'histoire". Si lui s'est engagé mardi à reconnaître le résultat de l'élection du 3 novembre aux Etats-Unis, le président sortant a esquivé cette question en clôture de leur premier débat, se bornant une fois de plus à affirmer sans preuves que le vote par correspondance, qui s'annonce important en raison du Covid-19, favoriserait des "fraudes".

S'il n'est pas certain qu'il y ait un gagnant à ce débat jugé comme "l'un des pires de l'histoire", selon Aaron Kall, enseignant à l'Université du Michigan et spécialiste des débats présidentiels interrogé par l'AFP, on peut désigner avec certitude le grand perdant : les Américains.