Plus de 20 ans après le massacre de Srebrenica et le sanglant siège de Sarajevo, l'ancien chef politique des Serbes de Bosnie Radovan Karadzic a été reconnu coupable de génocide et de neuf autres accusations de crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis pendant la guerre de Bosnie, ont indiqué jeudi les juges du TPIY (Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie de La Haye). "Radovan Karadzic, la cour vous condamne à 40 années de détention", a affirmé le juge O-Gon Kwon, après l'avoir acquitté d'une accusation de génocide dans sept municipalités de Bosnie.
"Pénalement responsable". L'ancien chef politique des Serbes de Bosnie Radovan Karadzic est "pénalement responsable" de plusieurs accusations de crimes commis pendant la guerre en Bosnie, ont affirmé les juges. "Radovan Karadzic est pénalement responsable, en tant qu'individu, du crime de prise d'otages", a ajouté le juge O-Gon Kwon, ajoutant que l'accusé était également responsable de meurtres et persécutions dans plusieurs municipalités et à Sarajevo.
"Nul n'est au-dessus de la loi". Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Zeid Ra'ad Al Hussein, a qualifié jeudi d'"extrêmement important" le verdict prononcé contre Radovan Karadzic. "Le message de ce procès est que nul n'est au-dessus de la loi", a jugé Zeid Ra'ad Al Hussein.
"Le déguisement a été retiré". Après avoir relevé que Radovan Karadzic peut encore faire appel, Zeid Ra'ad Al Hussein a ajouté que "ce verdict historique devrait constituer un tournant". "Le déguisement utilisé par M. Karadzic pendant ses 14 années de fugue a été retiré, le verdict prononcé aujourd'hui lève le voile qui dissimulait ses manipulations politiques, et le révèle tel qu'il était : l'architecte d'actes de destructions et de meurtres à grande échelle", a-t-il poursuivi.
Génocide. A 70 ans, Radovan Karadzic était inculpé de 11 chefs d'accusation pour génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis pendant la guerre en Bosnie, qui a fait plus de 100.000 morts et 2,2 millions de déplacés entre 1992 et 1995.
"Chasser à jamais les musulmans". Radovan Karadzic est le plus haut responsable à être jugé par le tribunal pour des crimes présumés commis pendant cette guerre, après la mort en 2006 de l'ancien président serbe Slobodan Milosevic au cours de son procès. Reconnaissable à sa mèche, Radovan Karadzic, arrêté en 2008, était le président de l'entité des Serbes de Bosnie, la Republika Srpska. Il voulait, selon l'accusation, diviser la Bosnie et "chasser à jamais les musulmans et Croates des territoires revendiqués par les Serbes de Bosnie".
Massacre de Srebrenica. Radovan Karadzic, psychiatre de formation, était notamment accusé de génocide pour le massacre de près de 8.000 hommes et garçons musulmans à Srebrenica en juillet 1995, le pire à avoir été commis en Europe depuis la Seconde guerre mondiale. Selon l'accusation, ce massacre s'inscrivait dans le cadre du "nettoyage ethnique" planifié par Radovan Karadzic avec le général Ratko Mladic et Slobodan Milosevic à l'issue du démantèlement de la Yougoslavie.