C'était pourtant la cinquième fois que Pascal Torre, membre de la Commission internationale du PCF, se rendait en Turquie pour des missions d'observation. Mais dimanche, jour de scrutin, il a vécu avec ses collègues une situation inédite, preuve des tensions qui entourent la réélection de Recep Tayyip Erdogan à la tête de l'État.
>> LIRE AUSSI - Turquie : Erdogan remporte la présidentielle au premier tour
"Conduits à la gendarmerie pour des interrogatoires". La commission d'observation se trouvait dimanche à Agri, à l'est de la Turquie. "Nous avons commencé à surveiller les bureaux de vote vers 8 heures du matin dans le centre d'Agri, puis nous sommes partis visiter deux bureaux dans des zones rurales. À l'issue de notre deuxième visite, nous avons reçu un coup de téléphone nous indiquant qu'il y avait des incidents très graves dans des bureaux. Nous avons repris la route, et au bout d'une centaine de mètres, une vingtaine de militaires ont arrêté notre véhicule, saisi nos passeports et nous ont conduits à la gendarmerie pour des interrogatoires", a-t-il raconté sur Europe 1 lundi matin. Les membres de la commission ont été relâchés quelques heures plus tard.
"Une fraude massive a eu lieu". "Je n'ai jamais vu une situation aussi tendue", déplore Pascal Torre, qui décrit "une présence militaire très forte" à l'intérieur même des bureaux de vote. Un dispositif qu'il n'avait jamais constaté lors de ses précédentes missions d'observation dans le pays. "Des pressions très fortes se sont exercées sur les électeurs. Et une fraude massive a eu lieu puisqu'on a retrouvé des milliers de bulletins dans des bennes à ordures", alerte-t-il. Dès dimanche soir, Recep Tayyip Erdogan avait revendiqué la victoire, avec plus de 50% des voix nécessaires, alors que l'opposition dénonçait des tentatives de fraude.