Des troubles se poursuivaient samedi dans l'Etat Rakhine dans l'ouest de la Birmanie, le chef de l'armée birmane incriminant des militants Rohinygas dans une explosion devant une mosquée. De son côté, une organisation de défense des droits de l'homme a accusé l'armée de provoquer des incendies dans la zone pour empêcher le retour des réfugiés.
Une action "terroriste" pour les autorités. Dans un communiqué publié samedi sur Facebook, le chef de l'armée birmane, le général Min Aung Hlaing, déclare que des militants Rohingyas ont placé une "mine artisanale" qui a explosé vendredi devant une mosquée du village de Mi Chaung Zay dans la commune de Buthidaung. Le chef de l'armée a accusé les militants de vouloir faire partir les quelque 700 habitants restés dans le village. "Alors que nos villageois ne voulaient pas quitter leurs maisons, les terroristes ont fait exploser leur bombe à l'heure de la prière pour terroriser les villageois", selon le communiqué du général. "C'est une action du groupe terroriste ARSA", a-t-il ajouté, utilisant l'acronyme du groupe Armée du Salut des Rohingyas de l'Arakan, rébellion organisée qui a émergé en octobre 2016 et dont les attaques en août ont déclenché la répression de l'armée. Aucune victime n'a été signalée. Le gouvernement birman bloque l'accès à la zone de conflit et il est difficile de vérifier les allégations de part et d'autre. Les troubles ont également suscité le départ de dizaines de milliers de bouddhistes et d'hindous. Les associations de défense des droits de l'homme assurent toutefois disposer de preuves que l'opération de l'armée favorise l'expulsion systématique des Rohyingyas.
430.000 réfugiés. Ces troubles interviennent alors que la dirigeante birmane Aung San Suu Kyi avait assuré mardi qu'il n'y avait pas eu de combats depuis le 5 septembre et que l'opération de l'armée était terminée. Cette opération, déclenchée le 25 août après des attaques de rebelles rohingyas, a suscité l'exode en moins d'un mois de quelque 430.000 Rohingyas vers le Bangladesh.
Un "épuration ethnique" selon l'Onu. L'Onu a évoqué une "épuration ethnique", alors que les membres de la minorité musulmane des Rohingyas, plus grande population apatride du monde (1,1 million de personnes), sont traités comme des étrangers en Birmanie à 90% bouddhiste.