Stephen Jones dormait près de la salle de concert de Manchester quand "le boum" de l'attentat suicide commis à la fin du concert d'Ariana Grande l'a réveillé. Chris Parker faisait la manche à proximité. Sans attendre, ces deux sans-abri se sont précipités pour aider et sont devenus des héros sur les réseaux sociaux.
"Nous avons dû retirer des clous de leurs bras". "C'était des enfants, beaucoup d'enfants avec du sang partout et qui criaient et pleuraient", a expliqué mardi, sur la chaîne de télévision ITV, Stephen Jones, SDF de 35 ans au visage émacié, avec une moustache et un petit bouc. "Nous avons dû retirer des clous de leurs bras et même du visage d'une petite fille", a ajouté cet ancien maçon, SDF depuis plus d'un an. "C'est pas parce que je suis sans-abri que je n'ai pas de cœur", a-t-il fait valoir, assurant : "Ils avaient besoin d'aide", "C'est juste l'instinct d'aller aider".
'We had to pull nails out of children's faces': Steve, a homeless man who was sleeping near #Manchester Arena, rushed to help young victims pic.twitter.com/dyxzZpal0Q
— ITV News (@itvnews) 23 mai 2017
"Mon instinct m'a poussé à essayer d'aider". "J'ai entendu un boum et une seconde après, j'ai vu un éclair blanc puis de la fumée et j'ai entendu crier", a quant à lui raconté à l'agence britannique Press Association Chris Parker, 33 ans, au bord des larmes. "Ça m'a collé au sol. Ensuite, je me suis relevé et au lieu de m'enfuir, mon instinct m'a poussé à courir et essayer d'aider", a-t-il dit, décrivant "des gens allongés par terre un peu partout". "J'ai vu une petite fille… Elle n'avait plus de jambes. Je l'ai enveloppée dans un tee-shirt et je lui ai demandé : 'Où est ta maman et ton papa'. Elle a répondu : 'Mon papa est au travail et ma maman est là-haut'."
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"Des trous dans le dos". Chris Parker, qui dort dans les rues de Manchester depuis près d'un an, se rend régulièrement aux abords de la salle de concert pour faire la manche. Ému, il a également confié avoir tenté de réconforter une femme qui a fini par succomber à ses blessures : "Elle est morte dans mes bras. Elle avait une soixantaine d'années et m'a dit qu'elle était venue avec sa famille". "Il y avait des écrous et des boulons partout au sol. Certaines personnes avaient des trous dans le dos", a-t-il encore décrit.
Des images impossibles à oublier. Mais "ce sont les cris que je n'arrive pas à oublier et l'odeur… Je n'aime pas le dire mais ça sentait la chair brûlée". "Nous n'avons presque pas dormi de la nuit à cause de ce qu'on a vu", a confié Stephen Jones, évoquant les corps "sans vie" d'enfants allongés à même le sol et entourés par leurs mères "hystériques".
Un appel aux dons. Des collectes ont été lancées sur Internet et avaient réuni mardi soir plus de 9.400 livres (10.890 euros) pour Stephen Jones et plus de 10.000 livres (11.600 euros) pour Chris. Michael Johns, à l'origine de la collecte pour Chris, sans le connaître, explique sur le site qu'il est nécessaire d'aider "l'une des personnes les plus vulnérables dans notre société qui a fait preuve de beaucoup d'altruisme et de courage".