Le Conseil de sécurité a réclamé mercredi l'application du cessez-le-feu exigé en Syrie et ignoré depuis dix jours, lors d'une réunion lors de laquelle a été évoqué un possible rôle onusien pour sortir de la Ghouta des éléments "terroristes", selon des diplomates.
Lors de cette rencontre à huis clos, tous les membres du Conseil de sécurité ont réclamé de manière "unanime" que le nouveau convoi humanitaire prévu jeudi "parvienne bien à la Ghouta" et que de l'aide puisse être acheminée "tous les jours", a précisé un diplomate s'exprimant sous couvert d'anonymat.
"Des hommes et des femmes meurent, alors que nous parlons". Un responsable des Affaires humanitaires de l'ONU a raconté au Conseil de sécurité qu'un enfant de 8 ans avait eu de l'eau et du sucre un jour, un bol de riz un autre jour et qu'il ne savait pas ce qu'il aurait les jours suivants. Des hommes, des femmes, des enfants continuent de mourir alors que nous parlons, ont aussi dit lors de la réunion des responsables de l'ONU.
Les membres du Conseil de sécurité ont "exprimé leur préoccupation à l'égard de la situation humanitaire" et "réaffirmé leurs appels à une application" du cessez-le-feu, s'est borné à déclarer à l'issue de la rencontre l'ambassadeur néerlandais, Karel van Oosterom, président en exercice en mars du Conseil de sécurité. Pour qu'il puisse dire quelque chose, les 15 membres du Conseil s'étaient mis au préalable d'accord sur la formulation de ses quelques phrases.
Poursuivre la pression sur l'Iran et la Russie. La rencontre avait été convoquée "en urgence" à la demande du Royaume Uni et de la France, avec l'objectif de faire pression sur la Russie. "Il est urgent de poursuivre la pression sur ceux qui ont une influence sur le régime syrien", avait déclaré avant la réunion l'ambassadeur français à l'ONU, François Delattre, en évoquant la Russie et l'Iran. Prévu par la résolution du 24 février, adoptée à l'unanimité, un exposé du secrétaire général des Nations Unies Antonio Guterres sur le respect de la trêve en Syrie est attendu lundi, lors d'une nouvelle réunion consacrée à ce pays et qui sera cette fois publique.
Mettre en oeuvre une trêve. Mercredi, lors d'une liaison vidéo de Genève, l'envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, a souligné sa disponibilité à servir d'intermédiaire pour faire sortir de la Ghouta orientale des "groupes terroristes", selon une source diplomatique. Des rebelles syriens présents dans l'enclave ont proposé il y a une semaine à l'ONU de faire partir ces groupes pour contribuer à mettre en oeuvre une trêve. Les groupes Faylaq al-Rahmane, Jaich al-Islam et Ahrar al-Cham ainsi que des représentants de la société civile ont fait part de leur engagement à "évacuer les combattants de Hayat Tahrir al Cham, du Front al-Nosra et d'Al-Qaïda ainsi que leurs proches dans un délai de 15 jours" à partir de l'entrée en vigueur d'un cessez-le-feu.
Négociations avec les groupes armés. Selon un diplomate, un large soutien au Conseil de sécurité a été constaté mercredi à l'idée de Staffan de Mistura d'avoir des négociations à cet égard entre les groupes armés et d'autres parties, notamment la Russie, avec un rôle de facilitateur pour l'ONU. Le responsable de l'ONU a rappelé que dans le cas d'Alep, en 2016, il s'était proposé pour faire sortir de la ville le groupe djihadiste Al-Nosra et leurs familles et de les accompagner vers la province d'Idleb. Il a ajouté qu'il n'oublierait jamais son impuissance à l'époque à abréger l'agonie de la ville. "Je ne veux pas que cela arrive" pour la Ghouta "et vous non plus", a dit Staffan de Mistura au Conseil de sécurité, selon la même source diplomatique.