"Combien vous êtes ? Treize ? C'est formidable !" La vidéo est devenue virale bien au-delà des frontières de la Thaïlande, lundi. On y voit douze enfants de 11 à 16 ans et leur jeune entraîneur de football, éblouis par le faisceau de la torche d'un plongeur britannique, à la frontière avec la Birmanie et le Laos. Émaciés, affamés, mais sains et saufs, malgré neuf journées passées dans les tréfonds obscurs d'une grotte, où une brusque montée des eaux les a piégés le 23 juin dernier. "Nous avions dit que c'était mission impossible, car il a plu chaque jour" depuis le début des recherches, a commenté le gouverneur de la province de Chiang Rai, Narongsak Osottanakorn. "Mais grâce à notre détermination et à nos équipements, nous avons combattu la nature." Une nouvelle étape s'annonce désormais avec l'évacuation des miraculés, dont les contours sont encore flous.
Quatre mois de vivres bientôt livrés. Première étape : les enfants et leur entraîneur doivent être remis en forme. Des vivres et des médicaments, en particulier des gels riches en calories et du paracétamol leur ont d'ores et déjà été transmis. Du personnel médical a également pu rejoindre le premier plongeur parvenu sur le rebord de la grotte, où s'était réfugiée l'équipe de football. À l'intérieur, certains avaient tiré leur maillot rouge sur leurs genoux pour tenter de se protéger du froid. Une ligne directe, de plusieurs kilomètres de long, doit désormais finir d'être installée afin que les enfants puissent communiquer avec le monde extérieur, et notamment leurs parents. L'armée a annoncé la livraison de vivres supplémentaires, correspondant aux quantités nécessaires pour quatre mois de survie.
Plusieurs scénarios possibles. Car l'opération d'extraction pourrait prendre du temps. Malgré le pompage déjà effectué, le niveau de l'eau dans la grotte implique encore un parcours sous-marin qu'un plongeur chevronné met six heures à parcourir. Après avoir soigné les jeunes footballeurs, les médecins doivent donc évaluer leur capacité à plonger. Des équipements, notamment des bouteilles d'oxygène, ont déjà été acheminés à l'intérieur. Pour les secours, il s'agit d'envisager tous les scénarios : celui où les opérations de pompage permettront bientôt de dégager les quatre kilomètres de voie par lesquels les enfants sont entrés dans la grotte… Mais aussi celui où l'évacuation impliquerait d'alterner marche à pied et plongée.
Une évacuation par hélicoptère ? Aucune décision n'a pour l'instant été prise. "Faire de la plongée sous-marine dans des grottes est très technique et dangereux, surtout pour des plongeurs débutants", a rappelé à l'AFP Anmar Mirza, coordinateur de la Commission nationale américaine de sauvetage souterrain. Outre leur condition physique, l'état psychologique des enfants pose question : immerger son corps dans une eau boueuse qu'on a vu peu à peu monter autour de soi n'est pas une chose facile. "Donc il vaut peut-être mieux les assister dans la grotte jusqu'à ce qu'ils puissent être sortis par d'autres moyens."
Une autre solution pourrait-elle venir d'un puits à la verticale de la grotte, par lequel les enfants seraient évacués en hélicoptères ? Pour l'heure, les secours ne sont pas certains qu'une telle opération soit possible dans la portion de la grotte où ils se trouvent. Quelle que soit l'option finalement choisie, elle devra en tout cas l'être rapidement : plus le temps passe, plus le risque de nouvelles inondations est grand en cette période mousson en Asie du Sud-Est.