Un tribunal turc a ordonné mercredi le maintien en détention préventive du pasteur américain Andrew Brunson, jugé pour "terrorisme" dans une affaire qui empoisonne les rapports entre Ankara et Washington et qualifiée de "honte totale" par Donald Trump. Le président américain a publiquement appelé mercredi soir son homologue turc Recep Tayyip Erdogan à œuvrer pour la remise en liberté du pasteur.
Procès renvoyé au 12 octobre. La décision a été rendue lors de la troisième audience de ce procès qui se déroule à Aliaga, dans la province d'Izmir. Le procès a par ailleurs été renvoyé au 12 octobre. Le procès du pasteur, détenu depuis octobre 2016 sous l'accusation d'activités "terroristes" et d'"espionnage", a contribué à tendre des rapports déjà houleux depuis plus de deux ans entre la Turquie et les Etats-Unis.
"Il n'a rien fait de mal". "C'est une honte totale que la Turquie ne veuille pas libérer un pasteur américain respecté, Andrew Brunson. Cela fait trop longtemps qu'il est retenu en otage. Recep Tayyip Erdogan devrait faire quelque chose pour libérer ce merveilleux époux et père de famille chrétien. Il n'a rien fait de mal et sa famille a besoin de lui !", a tonné Donald Trump dans la soirée sur Twitter. "Ils le qualifient d'espion. Mais je suis plus espion que lui", avait-il déjà tweeté en avril dernier.
A total disgrace that Turkey will not release a respected U.S. Pastor, Andrew Brunson, from prison. He has been held hostage far too long. @RT_Erdogan should do something to free this wonderful Christian husband & father. He has done nothing wrong, and his family needs him!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 19 juillet 2018
Jusqu'à 35 ans de prison. A l'issue de l'audience mercredi, le pasteur Brunson, qui risque jusqu'à 35 ans de prison dans ce procès qui s'est ouvert le 16 avril, a salué de la main les personnes venues le soutenir à Aliaga. Son maintien en détention balaie les espoirs de ses partisans, alors que l'avocat du pasteur, Cem Halavurt, avait indiqué mercredi matin qu'il s'attendait à sa libération. Andrew Brunson "n'a pas été libéré, donc je peux dire que l'injustice se poursuit", a-t-il déclaré à l'issue de l'audience.
Seulement des "déclarations de quelques témoins". Dénonçant "une vraie honte judiciaire", il a affirmé que les accusations pesant sur son client n'étaient pas étayées par des preuves et s'appuyaient seulement sur "les déclarations de quelques témoins". "Nous sommes déçus par l'issue de l'audience qui s'est déroulée aujourd'hui", a réagi le chargé d'affaires américain à Ankara Philip Kosnett, présent au tribunal. "Nous allons continuer à suivre cette affaire de près et espérons que le pasteur Brunson retrouvera sa famille bientôt", a-t-il ajouté.