Le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme a qualifié vendredi de "lamentable" la situation au Venezuela, appelant à créer une commission d'enquête internationale, et à un "engagement accru" de la Cour pénale internationale (CPI).
Une "injustice flagrante". "La situation des droits de l'Homme des Vénézuéliens est lamentable", a déclaré Zeid Ra'ad Al Hussein dans un communiqué, dénonçant la politique de répression des opposants, incluant des exécutions extrajudiciaires, des détentions arbitraires et la torture avec des violences sexuelles, des simulacres d'exécution et des décharges électriques. "Quand une boîte de pilules contre l'hypertension coûte plus cher que le salaire minimum mensuel et le lait en poudre pour bébé plus de deux mois de salaire, mais que manifester contre une telle situation peut vous mener en prison, l'injustice extrême de tout cela est flagrante", a-t-il fait valoir.
Ce rapport fait suite à la publication d'un premier rapport accablant du Haut-Commissaire, publié en septembre 2017, qui dénonçait déjà le "recours généralisé et systématique à une force excessive pendant les manifestations, et la détention arbitraire de manifestants et d'opposants politiques présumés".
Interview à distance de 150 personnes. Usage de la force excessive, détentions arbitraires, tortures et mauvais traitements se poursuivent selon le Haut-Commissariat, qui souligne que cette répression menée par les autorités de l'Etat a commencé en 2014. Les autorités vénézuéliennes ayant refusé l'accès du pays aux experts de l'ONU, Zeid Ra'ad Al Hussein a chargé une équipe de spécialistes des droits de l'homme d'interviewer à distance quelque 150 personnes, dont des victimes et leurs familles, ainsi que des témoins, des journalistes, des avocats et des médecins notamment. En conclusion, "compte tenu de l'ampleur et de la portée des violations", le rapport juge que "les Etats membres du Conseil des droits de l'Homme devraient créer une commission d'enquête internationale".
Appel à la CPI. "Etant donné que l'Etat ne semble ni capable ni disposé à poursuivre les auteurs de violations graves des droits de l'Homme, il y a de solides raisons de demander un engagement accru de la Cour pénale internationale", a également souligné le Haut-Commissaire.