Le porte-parole du gouvernement camerounais, Issa Tchiroma Bakary, a promis l'ouverture d'une enquête sur une nouvelle vidéo diffusée sur les réseaux sociaux montrant des exactions imputées à l'armée dans la région de l'Extrême-nord, a annoncé lundi la radio d'Etat.
Vidéo de mai 2016. La vidéo, qui aurait été tournée avant mai 2016 selon Amesty international et qui a été diffusée début août, montre des hommes armés tirant sur une dizaine de personnes non armées agenouillées face à un mur près de maisons en flammes. Cette vidéo "fera l'objet d'une enquête approfondie instruite par le chef de l'Etat" Paul Biya, a promis Issa Tchiroma Tchiroma, ministre de la Communication, dans une intervention à la radio d'Etat. Il a affirmé que la presse serait informée des résultats de l'enquête. Toutefois, il a "rejetté" l'accusation faite qu'il s'agit de soldats camerounais, et ce "tant qu'on n'aura pas établi de manière incontestable l'origine et l'appartenance des soldats qui auraient perpétré ces exécutions sommaires".
"Crimes contre des civils". Dans cette vidéo, un présumé soldat camerounais indique être en opération de "ratissage" dans le village d'Achigachia, à la frontière avec le Nigeria. Entre 2014 et 2016, Achigachia a été l'une des localités les plus attaquées par les djihadistes nigérians de Boko Haram dans l'Extrême-Nord camerounais. De nombreux combats entre l'armée camerounaise et Boko Haram y ont eu lieu. La localité étant aujourd'hui relativement calme, la vidéo pourrait donc dater de cette époque, selon l'ONG Amnesty International. L'ONG ajoute que l'identité des exécutants de cette nouvelle vidéo ne fait pour elle pas de doute : "il s'agit là de nouvelles preuves crédibles appuyant les allégations selon lesquelles les forces armées camerounaises auraient commis de graves crimes contre des civils".
Accusations répétées d'exactions. L'armée camerounaise est régulièrement accusée par des ONG de perpétrer des exactions contre des personnes soupçonnées d'appartenir au groupe Boko Haram. "Aucune armée au monde, quelle que soit sa puissance, ne peut prétendre être immunisée contre des bavures (et) des manquements d'une infime minorité" de ses soldats, a encore déclaré Issa Tchiroma Tchiroma. Vendredi, les autorités camerounaises avaient annoncé l'arrestation de sept militaires dans le cadre d'une enquête ouverte après la diffusion sur Internet d'une première vidéo très violente mettant en scène des présumés soldats camerounais abattant deux femmes et leurs très jeunes enfants.
Le 11 juillet, au lendemain de la diffusion de cette première vidéo très violente, le gouvernement camerounais avait déclaré avoir ouvert une enquête, tout en qualifiant la vidéo de "fake-news" (fausse information) et d'"horrible trucage". Une élection présidentielle est prévue le 7 octobre au Cameroun. Le président Biya est candidat à un septième mandat consécutif