La question de la fiscalité fait son entrée dans la campagne électorale. La proposition de François Hollande de réformer l'attribution du quotient familial a suscité un tollé à droite. Si bien que le candidat socialiste a été contraint de clarifier sa position, mardi après-midi.
Europe1.fr résume les différentes déclarations qui ont alimenté la polémique depuis ce début de semaine.
>> Acte 1 : Manuel Valls au centre de la polémique
La première proposition concrète du Parti socialiste a été révélée par Les Échos, lundi. Selon le quotidien économique, le candidat socialiste à la présidentielle souhaiterait supprimer le "quotient familial", un système fiscal censé encourager la natalité et qui profite de facto aux hauts revenus.
Manuel Valls, le chargé de communication de François Hollande a confirmé mardi matin sur RMC les informations des Échos. Le maire d'Évry a précisé que l'attribution du quotient serait remplacée par un crédit d'impôt. Ceci permettrait d'élargir cette aide aux familles ne payant pas l'impôt sur le revenu.
Des informations tempérées dans la foulée par le proche de François Hollande, Michel Sapin. Le chargé du projet présidentiel a indiqué sur Europe 1 que la suppression du quotient familial était "une des options" du candidat et pas encore "une proposition".
>> Acte 2 : Nicolas Sarkozy évoque "une folie"
Mardi, plusieurs membres de l'UMP, dont Nicolas Sarkozy lui-même, se sont attaqués à la proposition du PS de réformer l'attribution du quotient familial. Lors du petit-déjeuner de la majorité à l'Élysée mardi, Nicolas Sarkozy s'est emporté contre cette proposition. "Supprimer le quotient familial serait une folie. C'est quand même quatre millions et demi de familles qui sont concernées", a estimé le président de la République.
Nicolas Sarkozy est ensuite revenu sur le sujet à l'occasion de ses vœux à la "France solidaire", à Mulhouse, dans le Haut-Rhin. "Notre politique familiale fonctionne, pourquoi vouloir la détruire ?", a-t-il déclaré, avant de souligner "les conséquences absolument dramatiques" que cette mesure aurait sur la politique familiale de la France.
>> Acte 3 : la droite riposte
Dans la droite ligne des propos de Nicolas Sarkozy, plusieurs personnalités de l'UMP ont commencé à pilonner, mardi, la proposition du candidat socialiste. "François Hollande veut anéantir la politique familiale française", a accusé le patron de l'UMP Jean-François Copé alors que plusieurs ministres sont montés au créneau.
Le chef de file des députés UMP Christian Jacob a quant à lui jugé que l'abrogation du quotient familial constitue "une attaque en règle contre les familles" sur un sujet qui "fait consensus depuis 1945" en France. Même son de cloche auprès de Valérie Pécresse, ministre du Budget, pour qui cette mesure porterait un "coup de massue" aux familles. Le ministre de l'Economie, François Baroin, s'est lui aussi dit "hostile", sur i-Télé, à cette proposition.
Le ministre de l'Enseignement supérieur Laurent Wauquiez a qualifié mardi de "proposition assassine pour les familles des classes moyennes et des classes moyennes modestes" le projet du candidat PS à la présidentielle François Hollande de supprimer le quotient familial.
Sur son compte Twitter, Nadine Morano, ministre chargée de l'Apprentissage et de la formation professionnelle a déploré : "S'en prendre aux familles est totalement irresponsable ! Nous avons la politique familiale la plus généreuse de l'UE !".
>> Acte 4 : rétropédalage de la gauche
Manuel Valls, celui par qui la polémique est arrivée, a semblé mettre un bémol à ses déclarations dans l'après-midi, en marge des vœux de Martine Aubry. Le chargé de communication de François Hollande a affirmé que la suppression du quotient familial était "une piste affirmative" et que "la réforme de la fiscalité familiale serait exposée au fur et à mesure".
Bernard Cazeneuve, l'un des porte-parole de campagne de François Hollande, s'est voulu consensuel, en affirmant que les socialistes avaient "tous le même but : une politique familiale juste". "Ensuite, il y a les modalités, des pistes sont évoquées comme celle d'un crédit d'impôt pour tous, mais d'autres mesures en cours d'expertise peuvent être présentées. Nous regardons si le crédit d'impôt est la meilleure mesure".
Interrogé par Europe1, le président PS de la commission des Finances à l'Assemblée nationale Jérôme Cahuzac a confirmé les déclarations de Manuel Valls. Selon lui, il faut "supprimer" le système "injuste" du quotient familial en "le modulant".
>> Acte 5 : François Hollande s'explique sur Twitter
Contrait de s'expliquer, François Hollande a affirmé mardi à la presse qu'il ne voulait "pas supprimer le quotient familial" mais "le moduler", promettant qu'il "n'enlèverait pas un euro à la politique familiale". Il a également publié plusieurs messages sur Twitter pour préciser son projet. "Il ne s'agit pas de supprimer le quotient familial, mais de le rendre juste", a-t-il assuré sur le réseau social. "Je transformerai donc le quotient familial pour qu'il soit plus avantageux pour les classes moyennes et les familles modestes", a-t-il ajouté.
Ce nouvel épisode montre en tout cas que la fiscalité et sa réforme seront au cœur de la campagne électorale qui s'amorce.