"Dans les 'gilets jaunes', il y a évidemment des gens de droite et des gens de gauche. Ce qu'il faut repérer, c'est la dominante. À l'origine de ce mouvement, on conteste les taxes, les impôts, et l'utilisation que fait l'État de cet argent pris aux citoyens. C'est le thème de l'argent gaspillé par l'État. Jacline Mouraud, 'gilet jaune' en Bretagne, en a fait une vidéo qui a été vue 6 millions de fois sur Facebook.
Ça, à gauche, on n'y pense pas. On n'attaque pas les impôts et l'État, parce que dans la culture de gauche, on y voit un outil de redistribution de la richesse et de lutte contre l'inégalité. Contester la fiscalité et le rôle de l'État, c'est plutôt une pensée de droite. C'est pour cela que, parmi les 'gilets jaunes', à côté des ouvriers, des salariés, des smicards, on trouve beaucoup de commerçants et d'artisans. Les racines du mouvement sont plutôt à droite.
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Dans les rassemblements de 'gilets jaunes', on voit très souvent le drapeau tricolore, et on chante La Marseillaise. Bien sûr, ces emblèmes appartiennent à la nation, droite et gauche confondues. Mais dans une démarche militante, politique, jamais des gens qui se réclament de la gauche ne prennent le drapeau tricolore. Ça appartient plutôt à la culture de droite.
Quand on regarde les revendications des 'gilets jaunes', il y a de tout, mais l'une d'elles mérite que l'on s'y arrête : 'en finir avec l'assistanat'. Jamais la gauche ne demande ça. Alors qu'il y a quelques années, Laurent Wauquiez avait fait scandale en dénonçant 'le cancer de l'assistanat'. L'assistanat et sa dénonciation, ça appartient à la culture de droite.
Il y a beaucoup d'autres exemples qui montrent que le mouvement des 'gilets jaunes' est solidement enraciné à droite. Quand on regarde le paysage politique, ça confirme tout à fait ce constat. La gauche est inexistante, divisée. Elle est entre 25 et 30% dans les intentions de vote, ce qui est historiquement très faible. La droite, qui domine, est composée de deux camps importants aujourd'hui. D'abord, il y a la droite républicaine, avec beaucoup d'élus locaux. Mais au sommet, il n'y a plus de chef, pas de programme. Celui de Laurent Wauquiez n'unifie pas les gens de droite. Et puis il y a le Rassemblement national, qui a tous les atouts d'un parti en marche – un chef, un programme, etc – et un atout formidable dans la France d'aujourd'hui : il n'a jamais été associé au pouvoir. Il ne peut donc être tenu responsable en rien de la crise qui existe.
J'évoque souvent, parce que je pense que c'est une des sorties de crise possibles, des élections législatives anticipées. Si elles avaient lieu aujourd'hui, le Rassemblement national serait le premier parti. Et le parti qui domine les élections législatives peut raisonnablement penser qu'il peut accéder au pouvoir. Pour dire les choses très clairement, jamais Marine Le Pen n'a été aussi proche du pouvoir qu'elle ne l'est aujourd'hui. Ceux qui disent que cette affirmation est de la politique-fiction fantaisiste, je leur répondrais que ce que nous vivons depuis un mois, nous l'aurions caractérisé il y a trois mois comme de la politique-fiction fantaisiste. Tout cela peut paraître lunaire, mais ce que nous vivons est lunaire."