L'Association des maires ruraux de France (AMRF) a exposé jeudi les premières revendications recueillies en mairie et ses attentes du "grand débat" national mis en place en janvier et février à la suite du mouvement des "gilets jaunes". "Le pouvoir d'achat", "la justice sociale" et le "sentiment d'abandon en matière de services publics" sont les doléances les plus récurrentes, d'après les premières analyses rapportées par le président de l'AMRF, Vanik Berberian, maire de Gargilesse-Dampierre dans l'Indre. Depuis début décembre, "entre 3.000 et 5.000 communes" ont ouvert leur portes aux requêtes de leurs administrés à l'appel de l'AMRF, qui les collecte et les analyse.
Des débats dans les salles des fêtes. L'association, qui représentent les édiles des communes de moins de 3.500 habitants, publiera une synthèse de ces doléances "mi-janvier" et l'ajoutera aux conclusions du "grand débat national", indique Vanik Berberian. Ces représentants d'élus ont aussi été reçus jeudi matin par Chantal Jouanno, présidente de la Commission nationale du débat public chargée d'organiser ce réseau de débats locaux. "On ouvrira nos salles des fêtes" avec un rôle de "facilitateur et d'intermédiaire" distant, rapporte John Billard, vice-président de l'association et maire de Favril, dans l'Eure-et-Loir. "La démarche nous a semblé intéressante" car située "au plus près du terrain", juge Vanik Berberian. "Ce n'est pas une grande messe au niveau départemental ou régional".
"La parole des élus n'est plus entendue en haut". Le maire rural attend toutefois de ce "grand débat" une "reconsidération des populations rurales". "La parole des élus n'est plus entendue en haut donc il va bien falloir que celle des citoyens le soit", avertit l'élu. "Soit le gouvernement n'en tient pas compte et reste figé dans son autisme, auquel cas on court à la catastrophe, soit il entend ce qui se dit et il adapte son programme", analyse le président de l'AMRF, qui représente près d'un tiers des maires des communes de moins de 3.500 habitants. Pour l'édile, la balle est dans le camp de l'exécutif : "Le risque est quand même très très grand et je sais pas s'il est prêt à assumer".