Plusieurs députés LREM ont indiqué lundi qu'ils allaient s'abstenir mardi, voire réfléchissaient à voter contre la proposition de loi LR "anti-casseurs" qui va être soumise au vote solennel de l'Assemblée en première lecture.
Matthieu Orphelin craint l'exploitation du texte par "un futur régime mal intentionné". "La nouvelle interdiction administrative de manifester me pose problème sur la liberté fondamentale de manifester, au cas où elle viendrait à être mal utilisée par un futur régime mal intentionné, par exemple d'extrême droite", explique Matthieu Orphelin dans un communiqué.
Malgré certains nouveaux dispositifs utiles, je m’abstiendrai en 1ère lecture sur la version actuelle de la #LoiAntiCasseurs. Retrouvez ici mon analyse. https://t.co/aF0FvqjioI
— Matthieu ORPHELIN (@M_Orphelin) 4 février 2019
Malgré d'autres mesures du texte que l'élu du Maine-et-Loire juge "efficaces" (nouveau délit de dissimulation volontaire du visage, possibilité de fouilles), il s'abstiendra en "espérant" lors de la prochaine lecture de nouvelles évolutions sur ces interdictions préalables de manifester décidées par les préfets.
"Ne pas mettre la restriction de liberté comme un principe". Aurélien Taché, élu du Val-d'Oise, avait aussi indiqué dans le Journal du Dimanche qu'il s'abstiendrait "en l'état". "On ne peut pas mettre la restriction de liberté comme un principe", faute de quoi "on met le doigt dans quelque chose qui pourrait conduire à des dérives", a-t-il de nouveau insisté lundi sur LCP.
D'autres "marcheurs" vont s'abstenir, comme Paula Forteza, députée des Français de l'étranger. Martine Wonner, députée du Bas-Rhin, ne votera pas non plus la proposition de loi LR : elle s'abstiendra voire votera contre, a-t-elle précisé.
L'article 2 au cœur du débat. Sonia Krimi, élue de la Manche, qui avait revêtu "symboliquement" en novembre un gilet jaune donné par des manifestants à sa permanence, prévoit de voter contre ce texte qui "n'aide pas à la cohésion sociale". Elle juge également l'article sur les interdictions administratives de manifester "liberticide", "contraire à la déclaration des droits de l'Homme" et "inutile".
Cet article 2 doit permettre aux préfets de prononcer des interdictions de manifester à l'encontre d'individus représentant "une menace d'une particulière gravité pour l'ordre public", sous peine de six mois d'emprisonnement et 7.500 euros d'amende en cas d'infraction.
Le délégué général de LREM Stanislas Guerini, qui "n'est pas en position de censeur", a assuré qu'il n'y aurait pas d'exclusions car "on peut assumer des désaccords". "Je ne suis pas là pour exclure les uns ou les autres, en fonction de leur position sur des textes", a-t-il déclaré sur franceinfo, tout en disant souhaiter que les députés LREM soient "tous rassemblés" pour la deuxième lecture à l'Assemblée.