La porte est entrouverte. Dans une interview aux Échos, publiée dimanche soir, le Premier ministre Édouard Philippe a annoncé la tenue d'un débat sur le référendum d'initiative citoyenne (RIC), qui peut être selon lui un "bon instrument dans une démocratie". Un avis que ne partage pas du tout Olivier Duhamel. Le politologue et présentateur de Mediapolis a expliqué les raisons de sa défiance dans le journal de Raphaëlle Duchemin et Pierre de Vilno, lundi midi sur Europe 1.
RIC : qu'y a-t-il derrière cette proposition phare des "gilets jaunes" ?
Le risque de référendums populistes. Le RIC est déjà "très difficile à faire aujourd'hui", objecte Olivier Duhamel. Mais surtout, selon lui, si le recours au référendum était facilité, cela s'avérerait "extrêmement dangereux" pour la démocratie. "Vous pouvez avoir un RIC qui demande la suppression des limitations de vitesse, un autre qui demande la suppression de la CSG, un troisième qui demande le rétablissement de la peine de mort, un quatrième qui demande la torture pour les auteurs d'attentats terroristes, etc", égraine-t-il, pour illustrer son inquiétude.
Un pouvoir constamment menacé. La mise en place du référendum d'initiative citoyenne ferait aussi prendre le risque, selon le spécialiste, d'une déstabilisation du pouvoir élu, et d'une quasi-confiscation de ses moyens d'actions. "Si vous mettez un pouvoir politique en menace de révocation permanente, que voulez-vous qu'il fasse ? Dans une démocratie, vous désignez un chancelier ou un président, pour qu'il gouverne pendant quatre ou cinq ans, et à l'échéance, vous le jugez. Mais vous lui laissez le temps", défend Olivier Duhamel.
D'autres méthodes à trouver. Selon le politologue, "pour qu'un RIC satisfasse les 'gilets jaunes', il faudrait qu'il soit complètement ouvert." Dès lors, "ça peut être une catastrophe pour le budget de l'État, pour un droit pénal civilisé, ou pour le pouvoir en place qui ne peut plus gouverner. Ça fait plaisir, tout le monde semble obligé d'être pour, mais c'est extrêmement dangereux", dénonce Olivier Duhamel, pour qui il faut maintenant "trouver d'autres méthodes pour associer davantage les citoyens." Selon lui, cela pourrait simplement passer par la prise en compte obligatoire des pétitions.