La décharge hormonale que libère l’orgasme peut provoquer des réactions inattendues, comme des larmes, qui dans ce cas sont généralement l’expression d’une joie très intense. Mais lorsque celles-ci viennent à couler pendant l’acte, elles peuvent être le symptôme d’un véritable mal-être. Dans l’émission Sans rendez-vous sur Europe 1, la sexologue et psychiatre Catherine Blanc répond à un auditeur qui s’inquiète de voir sa copine pleurer pendant leurs ébats, même si celle-ci lui assure qu’il s’agit seulement d’une manifestation de son plaisir.
La question de Benoît
"Très régulièrement, lors de nos rapports sexuels, ma copine se met à pleurer. Elle me rassure en me disant qu’il s’agit de larmes de joie, d’extase, mais cela me met vraiment mal à l’aise. J’aimerai votre avis."
La réponse de Catherine Blanc
"Il y a des réactions assez curieuses après un rapport sexuel, ou au moment de la jouissance. Ça peut être un éclat de rire, ou bien pleurer à chaudes larmes. C’est une émotion qui, d’un coup, se dégage, de la même manière qu’en jouissant on émet des sons que l’on ne contrôle pas. Généralement, ça ne dure pas très longtemps, sauf si c’est une émotion qui exprime un traumatisme.
Et lorsque ces larmes surviennent pendant l’acte ?
Lorsque les larmes se manifestent pendant, on n’est pas du tout dans l’expression d’un saut émotionnel. Dans ce cas, des questions peuvent se poser pour le partenaire : est-ce que je ne suis pas en train de lui faire du mal ? Est-ce qu’elle n’est pas en train de revivre quelque chose de douloureux ? Est-ce que je participe de quelque chose qui la trouble ?
S’il y a un lâcher-prise pendant l’acte sexuel, ce n’est pas encore le lâcher-prise de l’orgasme, le moment où les vannes se libèrent. Pleurer avant la jouissance pose donc la question de ce qui est à l’œuvre pour elle. Elle l’entend comme des 'larmes de joie'. Mais peut-être a-t-elle aussi besoin de le vendre ainsi pour rassurer son partenaire et préserver son intimité ? On ne peut pas toujours dire ce qui se passe en nous, et parfois on protège l’autre, d’autant que l’on ne sait pas très bien ce qui se passe pour soi.
Ces larmes peuvent donc révéler quelque chose de grave, comme un traumatisme lié à une éducation stricte ou un abus ?
En effet. Ça peut-être le réveil d’une douleur, la peur de ce que l’on est en train de faire et qui renvoie à quelque chose que l’on a vue ou subie.
Comment réagir dans ce genre de situation ?
Quand une femme pleure, les hommes sont souvent très perturbés. Ils voudraient les consoler de leurs bras virils pour qu’elles cessent de pleurer et, en réalité, être dans les bras de l’homme viril permet de lâcher un peu plus prise, et donc de pleurer de plus belle. Il faut que la femme soit assez au clair avec elle-même pour pouvoir en parler et, si ces larmes sont dues à la résurgence d’un traumatisme, faire de cette conversation l’occasion de régler cela."