Une manifestation contre une réforme des retraites en Polynésie française a rassemblé jeudi matin à Papeete près de 4.000 personnes selon la police et les grévistes ont envahi dans l'après-midi l'assemblée locale en pleine séance.
L'assemblée haranguée. Les manifestants étaient 8.000 selon l'intersyndicale à l'origine du mouvement, une centaine d'entre eux a forcé l'une des entrées de l'hémicycle quelques heures après la marche. Des policiers en tenue anti-émeute se sont rapidement interposés entre élus et manifestants, qui sont restés plus de deux heures dans les tribunes des spectateurs, haranguant l'assemblée au-dessus d'une vingtaine de policiers. Plusieurs milliers de Polynésiens patientaient à l'extérieur, la plupart dans le calme.
Ça coince pour financer les retraites. Selon le président de la Polynésie française Edouard Fritch, la collectivité autonome d'outre-mer ne pourra plus financer ses retraites "d'ici deux ou trois ans". Il souhaitait donc repousser l'âge de départ à la retraite de 60 à 62 ans. Après cette deuxième manifestation de la semaine, la première a eu lieu mardi, Edouard Fritch a proposé le maintien de "l'âge légal de la retraite à 60 ans en 2019, et de renvoyer les modifications aux propositions que nous fera le COSR", à l'Assemblée de la Polynésie française, où devait être votée la réforme. Le Conseil d'orientation et de suivi des retraites (COSR) dans lequel siégeront des syndicalistes, devrait permettre de renvoyer ce dossier brûlant après les élections territoriales, dont le premier tour aura lieu le 22 avril.
Cotisations des élus. Edouard Fritch a aussi annoncé que ministres et élus à l'Assemblée de la Polynésie française cotiseraient à la caisse de retraite locale, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui. Mais ses engagements n'ont pas apaisé la colère des grévistes, qui promettent des blocages si la réforme n'est pas abandonnée.
Moins de 3% de grévistes. L'appel à la grève générale est peu suivi selon le gouvernement, avec moins de 3% de grévistes dans l'administration locale. L'aéroport, que l'intersyndicale menaçait de bloquer, est très peu perturbé, bien que le nombre de manifestants ait quasiment doublé. Au port de Papeete, les containers ont pu être déchargés, mais aucune marchandise, en dehors des denrées périssables et des médicaments, n'a pu sortir de la zone sous douanes en raison de la grève des aconiers. "Les dockers peuvent tenir un mois sans problème", a déclaré l'un des syndicalistes les plus influents du port, Mahinui Temarii (CSTP-FO).