L'agriculteur défenseur des migrants Cédric Herrou risque la prison pour avoir contrevenu à une des obligations de son contrôle judiciaire en empruntant l'autoroute via l'Italie pour livrer des produits de sa ferme à Nice, a fait savoir vendredi son avocat. "Tout ça, c'est scandaleux, on s'acharne sur lui", a protesté Me Zia Oloumi, dont le client devait être présenté à un juge d'instruction à Grasse.
Placé en rétention judiciaire. "Il a été placé en rétention judiciaire pour inexécution de son contrôle judiciaire", a-t-il précisé, en expliquant que son client était passé par l'Italie pour faire la route de Breil-sur-Roya à Nice comme chaque jeudi, avant d'être interpellé au péage de La Turbie.
Breil-sur-Roya, la commune où Cédric Herrou élève des poules et cultive des oliviers, appartient à la vallée franco-italienne de la Roya, montant aux sommets de la vallée des Merveilles dans le Mercantour et par où les migrants tentent d'entrer en France. "À cause des éboulements et des travaux sur les routes qu'il est autorisé à emprunter, Cédric a dû faire un détour et prendre l'autoroute qui passe en bordure de Vintimille en Italie", a souligné Me Oloumi. Une demande pour ce détour avait été adressée par fax à l'autorité judiciaire, selon lui.
Condamné pour aide aux migrants. Me Oloumi a rappelé qu'une demande de nullité de la procédure pour laquelle Cédric Herrou est sous contrôle judiciaire a été déposée le 5 décembre et traîne selon lui à être examinée par la chambre de l'instruction de la cour d'appel d'Aix-en-Provence. Cédric Herrou a été condamné en appel pour aide aux migrants à quatre mois de prison avec sursis en août 2017. Il fait l'objet d'autres poursuites du parquet de Grasse, à la suite de son interpellation en juillet 2017 à Cannes avec 156 migrants qu'il conduisait en train à Marseille enregistrer une demande d'asile.
Mise à jour vendredi 20h :
Cédric Herrou a été relâché en fin de journée vendredi, après avoir passé quelques heures en rétention et été entendu par un juge d'instruction, sans qu'aucune poursuite ne soit engagée contre lui, a fait savoir son avocat. "Je n'ai pas requis la révocation de la mesure de contrôle judiciaire car il n'y a eu qu'un seul véritable incident hier jeudi, et dans ce cas la règle est de procéder à un rappel solennel des obligations", avait auparavant indiqué Fabienne Atzori, la procureur de la République de Grasse. "Le 11 janvier déjà, il y a eu un premier incident, mais il donne une explication et je veux bien croire qu'avec les intempéries, les routes de la Roya n'étaient pas praticables", a-t-elle ajouté.