Des flambées de violence à Paris et un retour sur les ronds-points de France : le premier anniversaire des "gilets jaunes", qui ambitionnaient de donner un second souffle à leur mouvement de contestation sociale, est marqué par le retour du chaos dans certaines villes. Alors qu'ils peinent à mobiliser depuis des mois, des manifestants ont battu le rappel en amont de cette journée, appelant sur les réseaux sociaux à plus de 250 actions dans la France, du simple tractage au défilé.
Les informations à retenir :
- Le mouvement des "gilets jaunes" est parvenu à mobiliser 28.000 manifestants dans toute la France
- Quelque 8.000 contrôles préventifs ont été réalisés à Paris, 147 personnes ont été interpellées dont 129 placées en garde-à-vue
- La préfecture de police a annulé la manifestation au départ de la place d'Italie après des violences et des dégradations
28.000 manifestants mobilisés dans toute la France
Selon les chiffres du ministère de l'Intérieur, près de 28.000 personnes se sont mobilisées dans la France entière à l'appel du mouvement des "gilets jaunes". Dans la capitale, la préfecture de police de Paris en a compté 4.700. Près de 8.000 contrôles préventifs ont été réalisés par les forces de l'ordre samedi et, en début de soirée, 147 personnes avaient été interpellées, dont 129 placées en garde-de-vue selon le parquet de Paris.
A Paris, la place d'Italie, théâtre d'affrontements violents
La manifestation prévue au départ de la place d'Italie, dans le XIIIe arrondissement de Paris, a été annulée par la préfecture de police de Paris en raison des affrontements entre manifestants et forces de l'ordre et des dégradations. Sur les lieux, de nombreuses barricades et voitures ont été incendiées, tous les abribus ont été fracassés. Des personnes vêtues de noir ont tenté de pénétrer dans le centre commercial Italie 2 et ont jeté des pavés sur un camion de pompiers qui tentaient d'éteindre les barricades. Deux policiers, poursuivis par des membres du "black bloc", ont aussi dû se réfugier dans une laverie.
#Acte53 Place d'Italie : Face à des casseurs qui les prennent pour cible, sapeurs-pompiers et forces de l’ordre interviennent pour contenir les débordements, mettre fin aux exactions et procéder à des interpellations.@prefpolice@Gendarmerie@PoliceNationale@PompiersParispic.twitter.com/mSobkeKJ9U
— Ministère de l'Intérieur (@Place_Beauvau) November 16, 2019
Lors du rassemblement place d'Italie, un journaliste a été blessé au visage par un jet de projectile. D'après nos informations, il a été transporté à l'hôpital en urgence relative.
Le maire du XIIIe arrondissement de Paris Jérôme Coumet a exprimé sa "colère" et déploré l'autorisation par la préfecture de Paris de la manifestation place d'Italie alors que selon lui des travaux "très importants" étaient en cours.
Quelle tristesse
— Jérôme Coumet (@jerome_coumet) November 16, 2019
Totale solidarité avec les pompiers et la police.
Mais pourquoi avoir autorisé une manifestation place d'Italie, malgré mes alertes, alors que s'y déroulent trois chantiers très importants ? https://t.co/8YiFLxdEEh
Le préfet de police Didier Lallement a promis une réponse "ferme"
Le préfet de police Didier Lallement a affirmé que face aux violences et aux dégradations il resterait "ferme". Pour ramener l'ordre et évacuer la place d'Italie, il a notamment appelé les personnes de "bonne foi" à emprunter la sortie dégagée par les forces de l'ordre qui encerclaient les lieux. Il a indiqué que tous les manifestants qui restaient sur les lieux seraient interpellées. D'après nos informations, environ 400 "ultra-jaunes" et 100 manifestants issus l'ultra-gauche se trouvaient encore sur la place en milieu d'après-midi.
Place d'Italie en ce milieu d'après midi. Manifestation annulée mais encore des centaines de personnes massées. Les canons à eau de la police aux abords de la place. #GiletsJaunes@Europe1pic.twitter.com/NcyJqDlQ5m
— Théo Maneval (@TheoManeval) November 16, 2019
Évacués de la place d'Italie, des manifestants sont remontés vers les Halles
Quelques centaines de manifestants - entre 200 et 300 selon nos informations -, évacués de la place d'Italie dans le XIIIe arrondissement de Paris, ont ensuite progressé en direction des Champs-Elysées. Les forces de l'ordre les ont suivi en queue de cortège. Aux abords de Châtelet, des tensions ont éclaté en fin d'après-midi. Les policiers ont décidé de fermer le centre commercial des Halles et orienté les personnes qui défilaient vers les sorties du métro.
Manifestations à Paris: 113 interpellations à 18h, tensions dans le quartier des Halles pic.twitter.com/PgfESF2TYr
— BFMTV (@BFMTV) November 16, 2019
Le périphérique brièvement bloqué près de Champerret
Le périphérique a été brièvement bloqué, samedi matin, près de la porte de Champerret, dans le nord-ouest de Paris. Des membres de la brigade de répression de l'action violente ont ensuite délogé plusieurs dizaines de manifestants, comme a pu le constaté notre journaliste.
#GiletsJaunes Plusieurs dizaines de manifestants tentent de bloquer la circulation sur le #peripherique à Paris. Premiers gaz lacrymogènes tirés par les forces de l'ordre. pic.twitter.com/DhFgiE6h41
— Théo Maneval (@TheoManeval) November 16, 2019
Notre équipe de journalistes a également constaté des heurts boulevard Magenta, près de la gare du Nord, avec l'utilisation de grenades lacrymogènes.
La permanence d'un député visée à Montpellier, Nantes et Lyon envahis de gaz lacrymogènes
A Nantes, un peu moins d'un millier de manifestants ont défilé l'après-midi dans le centre historique. Une fanfare a joué un "Joyeux anniversaire" lors du lancement du cortège mais l'ambiance s'est rapidement dégradée et le centre a été envahi de gaz lacrymogènes. Dans une zone très fréquentée de Lyon, un millier de "gilets jaunes" s'est aussi rassemblé, dans un climat tendu avec des tirs de lacrymogène. A Bordeaux, le nombre de personnes défilant dans les rues est monté à 1.800, un regain de mobilisation par rapport aux derniers mois.
#Nantes#Gilets jaunes Un anniversaire en blanc et jaune pic.twitter.com/qqfmGU2GtO
— Marylise Couraud (@couraud6) November 16, 2019
A Montpellier, la permanence de Patrick Vignal, député La République en Marche, a été la cible des manifestants dans l'après-midi. Une vitre a été cassée et plusieurs inscriptions anarchistes ont été taguées sur le bâtiment.
À Douai, la mobilisation n'est pas au rendez-vous
Comme l'a constaté notre correspondant dans le Nord, la mobilisation a été très faible à Douai. S'ils étaient une centaine à bloquer une grande surface de la ville le 17 novembre 2018, ils n'étaient que 8 en fin de matinée. "Je suis déçu de voir la mobilisation éteinte", regrette l'un d'entre eux.
A Fréjus, on estime que "rien n'a changé"
Un an après le début de la mobilisation, Europe 1 est retourné à la sortie de l'autoroute A8, à Fréjus, où une dizaine de "gilets jaunes" continuent d'occuper un rond-point chaque samedi. Ces "irréductibles" ont expliqué à notre journaliste qu'ils espéraient plus que jamais que le gouvernement "craque". Découvrez son reportage ci-dessous.