Après le coup de semonce du 22 mars, place au combat. Avec un TGV sur huit en moyenne mardi, les cheminots donnent le ton de cette grève longue distance pour contrer le projet de réforme de la SNCF.
Les principales informations à retenir
- Le taux de gréviste est en hausse : 48% chez les cheminots, et 77% chez les conducteurs
- Les lignes TGV, TER, Intercités, Transilien et RER seront impactées, très fortement pour certaines
- La grève à la SNCF est accompagnée d'une grève du personnel d'Air France. Un quart des vols ne devraient pas être assurés.
Ce qui circule, ce qui ne circule pas
Chez les personnels tenus de se déclarer 48 heures avant la grève, la SNCF a recensé près d'un cheminot gréviste sur deux (48% contre 35,4% le 22 mars) et jusqu'à plus de trois sur quatre chez les conducteurs (77%). Le trafic sera donc "très perturbé", a averti la direction de la SNCF.
Sur les grandes lignes, la SNCF prévoit un TGV sur huit en moyenne, l'axe Sud-Est étant le plus impacté (un sur 10). Même chose pour les Intercités, dont sept lignes ne seront carrément pas desservies. Le patron de la SNCF Guillaume Pepy avait averti que des lignes seraient "fermées". Dans les régions, un TER et un Transilien sur cinq sont annoncés. En Ile-de-France, la circulation des RER sera variable selon les axes, allant d'un train sur deux à un sur cinq. Certaines branches ne seront pas desservies.
Et du côté d'Air France ?
Le mouvement se conjuguera dans les airs avec la quatrième journée de grève chez Air France pour les salaires, avant une cinquième samedi, puis les 10 et 11 avril. La compagnie prévoit d'assurer 75% des vols. Dans le détail, 70% des vols long-courriers, 67% des vols moyen-courriers au départ et vers Paris-Charles de Gaulle et 85% des vols court-courriers seront assurés, a précisé Air France. Des perturbations et des retards ne sont pas à exclure, prévient par ailleurs la compagnie.
Pilotes, PNC et personnels au sol réclament une revalorisation des salaires de 6%, jugeant insuffisante la politique salariale de l'entreprise, compte tenu des efforts passés des salariés et des bons résultats de la compagnie en 2017. Dans un communiqué diffusé dimanche, les syndicats de pilotes (SNPL, Spaf, Alter), des personnels navigants commerciaux (SNPNC, Unsa-PNC, Unac, CFTC, SNGAF) et des personnels au sol (CGT, FO et SUD) soulignent que la direction "ne semble pas prendre au sérieux la détermination des salariés et de l'intersyndicale".
Pourquoi un tel mouvement de grève ?
Les remontrances de Guillaume Pepy ou de la ministre des Transports Elisabeth Borne, fustigeant une grève "décalée" ou "incompréhensible" au vu de la "concertation" engagée, n'y auront rien fait. Pas plus que l'annonce de la voie législative pour l'ouverture du rail à la concurrence, au lieu des ordonnances initialement envisagées. Malgré des modalités différentes, CGT, Unsa, SUD et CFDT sont tous lancés dans la bataille : une grève par épisode de deux jours sur cinq jusqu'au 28 juin pour CGT, Unsa et CFDT ; une grève illimitée reconductible par 24 heures pour SUD-Rail.
Les quatre syndicats représentatifs à la SNCF (CGT, Unsa, SUD, CFDT) sont vent debout contre le projet de réforme du rail, qui "vise à détruire le service public ferroviaire par pur dogmatisme idéologique", selon eux. Suppression de l'embauche au statut à la SNCF, ouverture à la concurrence ou encore transformation de la SNCF en société anonyme, prémices d'une future privatisation pour les syndicats, sont autant d'épouvantails à leurs yeux. Ils estiment aussi que la réforme "ne réglera pas le sujet de la dette (46,6 milliards d'euros fin 2017 pour SNCF Réseau, ndlr), ni celui des dysfonctionnements".