Le 17 novembre 2018, les gilets jaunes investissaient les rues et les ronds-points de France pour protester contre la vie chère. Un an après, ils sont 600, venus de toute la France, à être réunis à Montpellier pour décider de la suite à donner à leur mobilisation. En marge de cet anniversaire qui se profile, une étude de la revue médicale britannique The Lancet révèle que, depuis le début du mouvement des gilets jaunes, le nombre de blessures aux yeux causées par les LBD (les lanceurs de balle de défense) a été multipliées par dix entre 2016 et 2018.
25 cas ont ainsi été recensés en 2018, contre un en 2017 et deux en 2016. Et pour les huit premiers mois de 2019, on compte déjà 15 blessures aux yeux. En mars dernier, 35 ophtalmologistes avaient réclamé un moratoire sur les lanceurs de balle de défense.
Le professeur Bahram Bodaghi, ophtalmologiste à la Pitié-Salpêtrière à Paris, avait signé cette tribune publiée dans les colonnes du Journal du dimanche. Il renouvelle aujourd'hui cet appel. "Ces blessures sont extrêmement graves. Il y a eu à peu près neuf énucléations et un nombre important de plaies ouvertes du globe oculaire", note-t-il sur Europe 1.
Et d'ajouter : "Ces chiffrent parlent d'eux-mêmes. Il n'y a pas de surprise, nous avions déjà alerté. Et là simplement c'est dans la revue Lancet. Pour nous, c'est la façon la plus objective de donner l'information."
13 000 tirs de LBD entre novembre 2018 et mars 2019
Cette augmentation du nombre de blessures est à mettre en miroir avec la très forte hausse du nombre de tirs de ces lanceurs de balle de défense. Entre novembre 2018 et mars 2019, plus de 13.000 tirs de LBD avaient été effectués par les forces de l'ordre lors des rassemblements des gilets jaunes.
"Ce n'est pas à nous de décider de la stratégie du maintien de l'ordre", précise en off un praticien ophtalmologiste à Europe 1. "Mais avec ces chiffres, on ne pourra pas ne plus nous écouter quand on alerte sur la dangerosité des LBD", assène-t-il.