Les Français soutiennent en grande majorité le mouvement des "gilets jaunes". Mais ils sont également inquiets en raison des violences qui accompagnent les manifestations. À Nantes, Bernard, arpente le marché de Noël de la place du Commerce avec gravité. Ce retraité redoute un nouveau déferlement de violence samedi à Paris en marge de la journée de mobilisation des "gilets jaunes".
Quels sont ces blindés qui pourraient être déployés face aux "gilets jaunes" ?
"Ça me révolte, il y a d'autres moyens d'expression. Je suis inquiet parce que ce genre de choses, on sait très bien comment ça se termine. Après, vous aurez un retour en force de l'ordre, de la répression, éventuellement des mouvements d'extrême droite", déplore-t-il sur Europe 1.
"Ça me fait peur de voir que l'on peut supprimer la vie de quelqu'un simplement parce que l'on a des idées différentes"
Michaël, fonctionnaire, est quant à lui horrifié par le message de l'Elysée évoquant la venue d'activistes susceptibles de tuer : "Ça me fait peur de voir que l'on peut supprimer la vie de quelqu'un simplement parce que l'on a des idées différentes. C'est atroce ! Vraiment, ça me touche et ça me navre pour l'espèce humaine et l'image que l'on donne à nos enfants."
>> De 7h à 9h, c’est deux heures d’info avec Nikos Aliagas sur Europe 1. Retrouvez le replay ici
Depuis deux semaines, Xavier, chef d'entreprise, est pour sa part consterné par la dérive violente d'un mouvement aux aspirations respectables : "Comment est-ce que l'on peut permettre ça ? C'est un aspirateur à connerie ce qu'il se passe en ce moment. Il y a des gens qui manifestent pour des raisons valables. Par contre, ils sont débordés par ce qu'il se passe autour. L'objectif est de rentrer dans l'Elysée, ça fait peur. La justification de tout ça, elle est où là dedans ? Il n'y en a pas !"
"Gilets jaunes ou casseurs, "il faut faire la différence"
Au péage de La Destrousse dans les Bouches-du-Rhône, le barrage tient depuis le 17 novembre. Samedi, Jean-Pierre sera encore là car il n'a pas suffisamment de moyens pour manifester à Paris. Malgré tout, cet ancien policier préconise de manifester partout en France, avec un signe distinctif de reconnaissance, un drapeau blanc.
Cela permettrait de montrer "montrer que l'on n'est pas hostiles aux forces de l'ordre puisqu'une grande partie est de notre côté, j'en sais quelque chose", clame-t-il. "On n'est pas là pour faire la guerre. Les casseurs sont les casseurs, nous sommes les 'gilets jaunes'. Il faut faire la différence et ne pas faire d'amalgame."
Ces "gilets jaunes" sont inquiets de la tournure des événements. C'est notamment le cas de Marie, qui n'ira pas à Paris car, d'après elle, ce chaos orchestré dessert la cause : "On ne monte pas à Paris parce que c'est pour casser les 'gilets jaunes' et pour donner une mauvaise image des 'gilets jaunes'. Il y a beaucoup d'infiltrés, il y en a beaucoup qui cassent à notre place et le gouvernement le sait très bien. Les laisser rentrer dans l'Arc de Triomphe vous croyez que c'est normal ? Bien sûr que c'est fait exprès !"
"Il y a un petit mouvement qui en a marre" des "gilets jaunes"
Les "gilets jaunes" sont aussi conscients qu'ils doivent gagner la bataille de l'opinion. C'est la raison pour laquelle une collecte de jouets pour les enfants défavorisés est prévue ce week-end au péage de La Destrousse. Car une partie de l'opinion, justement, commence à se retourner contre le mouvement. Dans la nuit de mercredi à jeudi, deux des trois campements de "gilets jaunes" ont été brûlés à Saint-Dizier en Haute-Marne. Un autre a été brûlé à Vitry-le-François dans la Marne.
"Les 'gilets jaunes' s'installent sur des carrefours et puis ils installent des toiles de tentes, les barbecues... Ce matin, j'ai vu, à un gros carrefour, que tout avait été brûlé. Manifestement, dans la nuit, tout avait été cramé. Il y a un petit mouvement, très net, qui en a marre, pour qui ça suffit", témoigne Gilles, un habitant d'un petit village aux alentours. Le mouvement des "gilets jaunes" reste donc populaire, mais un certain ras-le-bol de l'opinion contre les violences commence à se faire sentir.