C'est une image désormais devenue banale depuis plusieurs semaines : un rond-point et une poignée de "gilets jaunes" pour l'occuper, abrités sous un campement de fortune en cas de mauvais temps ou de faible circulation. Cette image, le gouvernement aimerait bien voir la voir disparaître en 2019. "Les ronds-points doivent être libérés et la sécurité de tous redevenir la règle", a tweeté Christophe Castaner, dimanche.
La nuit dernière, une 8ème personne est décédée du fait de ce conflit.
— Christophe Castaner (@CCastaner) 15 décembre 2018
Les ronds-points doivent etre libérés et la securité de tous redevenir la règle.
Un recours contraint à la force "par endroits" ? Depuis samedi, le ton a changé du côté de l'exécutif, comme si la mobilisation des "gilets jaunes", plus faible ce week-end, avait donné un regain d'optimisime, et peut-être de volontarisme, au gouvernement. "Les ronds-points et les barrages continueront d'être débloqués au cas par cas", indique-t-on au ministère de l'Intérieur, où l'on refuse de parler d'accélération du calendrier. Officiellement, il n'y a pas de calendrier pour ces évacuations. Mais dans les esprits, place Beauvau, on a l'échéance des vacances de Noël en ligne de mire. Selon nos informations, samedi, 350 points de blocages étaient recensés. 200 de moins en une semaine, soit un tiers de baisse.
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Côté police et gendarmerie, on s'affaire pour répondre à la demande de Christophe Castaner. Obtenir l'évacuation des ronds-points tenus par les "gilets jaunes" en espérant un recours minimum à la force, même si un haut-gradé le concède : "On sera obligés d'y recourir, par endroits." Sur Europe 1, lundi, le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger a insisté sur la nécessité d'une évacuation des ronds-points "de façon pacifique".
La crainte d'une renaissance du mouvement. Du côté du ministère de l'Intérieur, on est particulièrement préoccupé par les drames qui se déroulés au niveau de ces barrages. Directement ou indirectement, huit personnes ont perdu la vie et l'on a ressenti une exaspération croissante d'une partie des conducteurs. Hors de question, donc, que ce bilan s'alourdisse. Il faut "rendre la route" à ces usagers parfois à bouts de nerfs, alors qu'à la fin de la semaine, beaucoup de Français prendront leurs voiture pour aller passer Noël en famille ou faire leurs dernières courses.
"Il faut maintenant passer à autre chose", martèle-t-on dans les ministères, à savoir le grand débat national qui doit permettre de faire participer chaque citoyen. Sauf que question d'organisation, la présentation de la consultation a pris un peu de retard, qui, pourrait être rattrapé cette semaine. Mais là-dessus, comme sur la concrétisation des annonces d'Emmanuel Macron sur le pouvoir d'achat, "il ne faudra pas se planter", avertit un cadre de la majorité. "Si au 15 janvier les Français ne voient rien venir", dit-il, "il y a un risque que le mouvement des 'gilets jaunes' reparte."
"Huit morts pour rien" ? Pour de nombreux "gilets jaunes", l'idée n'est pas de faire repartir la mobilisation mais tout simplement de la faire tenir. Comme à Fréjus et Puget-sur-Argens, dans le Var, où ils sont toujours plusieurs dizaines à occuper deux ronds-points après s'être fait déloger de l'entrée de l'autoroute. Les contestataires ont reconstruit deux campements tout équipés, avec la ferme idée de poursuivre la mobilisation. "On a remonté des tonnelles, la cuisine, la guinguette… La première chose qu'on a remis, c'est le sapin, pour faire voir qu'on serait là jusqu'à Noël", insiste une "gilet jaune".
C'est une guerre de positions, alors aucun de ces "gilets jaunes" ne compte céder malgré l'appel de Christophe Castaner. "Il nous virera du rond-point, mais on ira en face et quand il nous virera de là-bas, on ira de l'autre côté", assène un des contestataires. "Mais on ne partira pas, on est dans la rue et on va y rester." "Si on arrête maintenant, ça veut dire qu'on aura 'perdu' huit morts pour rien et que j'aurais mis entre parenthèses ma vie personnelle et professionnelle pour rien", lance une des "gilets jaunes", remontée.