Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et Reporters sans frontières (RSF) ont dénoncé dimanche des atteintes à la liberté d'informer après des incidents entre forces de l'ordre et journalistes samedi lors de l'acte 23 des "gilets jaunes".
Sombre bilan à l’issu d’une nouvelle journée de manifestations des gilets jaunes. 2 journalistes indépendants interpellés et plusieurs autres ciblés par des tirs de LBD alors qu’ils étaient clairement identifiés Presse. L’information est un droit ! #LibertédInformer
— RSF (@RSF_inter) April 20, 2019
"Il y a eu plusieurs interpellations de journalistes et d'autres incidents", a déclaré Vincent Lanier, premier secrétaire national du SNJ, en référence notamment à l'interpellation de deux reporters indépendants à Paris, Gaspard Glanz et Alexis Kraland. "Les forces de l'ordre sont mobilisées chaque samedi pour empêcher les violences, assurer la sécurité des manifestants, mais aussi celle des journalistes, régulièrement - et ce samedi encore - prises à partie. Si des journalistes sont interpellés - ce qui peut arriver - ils ne le sont évidemment pas ès qualités mais en raison des infractions relevées", a indiqué dimanche à l'AFP le ministère de l'Intérieur.
"Est-ce qu'il n'y a pas une volonté déterminée d'intimider notamment les photographes sur le terrain ? On a l'impression que certains sont ciblés"
Gaspard Glanz et Alexis Kraland ont été placés en garde à vue samedi, notamment pour "participation à un groupement en vue de commettre des violences ou des dégradations", selon le parquet de Paris. "On commence à se poser des questions : est-ce qu'il n'y a pas une volonté déterminée d'intimider notamment les photographes sur le terrain ? On a l'impression que certains sont ciblés", a dénoncé Vincent Lanier du SNJ.
Qu'est-ce qui justifie d'interpeller des reporters, si ce n'est pour les empêcher de travailler ? Ne bafouez pas l'état de droit @CCastaner ! @prefpolice respectez la liberté d'informer !#AlloPlaceBeauvau@franckriesterhttps://t.co/A8DrTotIGd
— SNJ (@SNJ_national) April 20, 2019
"Il y a des tensions, c'est vrai, sur le terrain entre des policiers et des photographes, mais de là à interpeller, il y a un gros problème. On est sur une pente très dangereuse par rapport à la liberté d'informer, c'est la liberté de la presse qui est menacée", a-t-il insisté.
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"Le nombre d'incidents depuis le début du mouvement des 'gilets jaunes' qui visent autant des journalistes professionnels et non professionnels clairement identifiés 'Presse' au moment où ils sont en train de filmer ou photographier entrave le travail de la presse et limite de facto la captation d'images de ces événements qui sont par nature d'un intérêt crucial pour le public", a de son côté regretté Catherine Monnet, rédactrice en chef adjointe à RSF.
"Les journalistes doivent pouvoir couvrir librement ces manifestations afin de pouvoir rapporter leur déroulement et les agissements des manifestants comme celui des forces de l'ordre"
"Cela va à l'encontre du droit et de la liberté fondamentale d'informer. Les journalistes doivent pouvoir couvrir librement ces manifestations afin de pouvoir rapporter leur déroulement et les agissements des manifestants comme celui des forces de l'ordre", a-t-elle déclaré à l'AFP. Plusieurs journalistes ont été blessés samedi lors des manifestations. A Toulouse, deux journalistes ont été touchés par une "grenade de désencerclement", selon leur témoignage ou celui de leur employeur.
#Acte23#GiletsJaunes#Toulouse : notre journaliste couvrant la manif pour @actutoulouse a été blessé au genou par une grenade de désencerclement puis délibérément visé par les gaz lacrymo des forces de l'ordre. Il poursuit malgré tout son travail au service de l'info. Soutien ! pic.twitter.com/fGt5fuF92X
— Pascal Pallas (@pallaspascal) April 20, 2019
A Paris, un photographe de l'Agence France-Presse "a reçu une grenade lacrymogène dans les jambes" et a "pris un coup, hors action" de la part d'un policier, a indiqué son rédacteur en chef photo France Olivier Morin. Une vidéaste de l'AFP a également indiqué que sa chaussure avait pris feu après le tir d'une grenade de désencerclement. Elle a été prise en charge par des "street medics".