Ça pourrait être le coup d'envoi d'un mois de contestation sociale. Les gilets jaunes font donc leur retour aujourd'hui. Pour l'un des organisateurs du rassemblement du jour, "il s'agit de rassembler les travailleurs, syndiqués ou non, les chômeurs, les retraités pour organiser une lutte d'ensemble en cette année 2023, afin de conserver les droits sociaux pour lesquels les anciennes générations se sont battues". À Paris, le rendez-vous est donné à partir de 14 heures et une petite centaine d'entre eux était déjà présente dès midi.
"Ça ne peut plus continuer ainsi"
Olivier, 26 ans, gilet jaune sur le dos, en fait partie. Il est venu porter plusieurs de ses revendications. "Le pays part en décrépitude, tous les services publics en sont la preuve et ça ne peut plus continuer ainsi. Donc nous sommes-là, pour l'honneur des travailleurs et pour un monde meilleur. Ça fait dix ans que l'inflation grimpe, que les salaires n'augmentent pas et qu'on est passé de la vie à la survie. Aujourd'hui, c'est un devoir de s'insurger", explique-t-il.
Ce manifestant espère un retour massif du mouvement. Certains ont allumé des fumigènes jaunes sur le lieu de rendez-vous dans le 7ème arrondissement, habillé de quelques slogans et d'un drapeau bleu, blanc, rouge. Il n'y a pas foule mais une dizaine de véhicules des forces de l'ordre est déjà garée près du rassemblement.
Des difficultés au quotidien
La France en l'espace de quelques mois est devenue une véritable cocotte-minute. La réforme des retraites, la baisse du pouvoir d'achat, l'impression que du côté des dirigeants, ça n'imprime pas… De nombreux Français ne voient pas le bout du tunnel inflationniste.
"Il y a eu une augmentation de 12 % des prix de l'alimentation en un an. Sur certaines catégories de produits, on peut aller même jusqu'à 30 %. Et puis il y a les produits liés à l'énergie, donc le chauffage et le déplacement. Donc ce sont les difficultés qui effectivement changent le quotidien d'une très grande majorité des Français", détaille Sandra Hoibian, directrice générale Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie (Crédoc).
Et un sentiment de vulnérabilité accru
"On est à 70 % de la population aujourd'hui qui indique avoir dû revoir ses modes de vie par rapport à ce contexte inflationniste", ajoute-t-elle. Les études menées par le Crédoc montrent que les personnes les plus affectées sont les jeunes, les personnes à bas revenus mais aussi celles issues des classes moyennes, touchées de plein fouet par la hausse des prix.
"Le sentiment de vulnérabilité s'est accru car le moindre pépin peut faire basculer des familles dans la pauvreté. Donc on a vraiment une fragilisation de la population française. Il n'y a plus vraiment de marges de manœuvre budgétaire", confie la spécialiste. "Les prix du logement sont déjà très élevés depuis une vingtaine d'années et vient s'ajouter à ça l'inflation, après deux années de Covid-19. Bref, il y a une grande fatigue", conclut-elle.