Jugé pour "injures publiques" après avoir traité en ligne des policiers de "bande de nazis", le "gilet jaune" Jérôme Rodrigues a été relaxé mardi par le tribunal judiciaire de Paris. Selon le tribunal, les propos incriminés ne "visaient non l'ensemble des policiers mais les méthodes de certains d'entre eux", en l'occurrence des membres du syndicat Synergie-officiers. Ce syndicat, a souligné le tribunal, "ne se confondant pas avec l'administration publique qu'est la police nationale".
"Cela fait deux ans que je me fais insulter. Oui, sur un excès de colère, j'ai eu des paroles qui ont très certainement dépassé mes pensées. Mais je le répète, pas à l'intention de toute la police, seulement à l'intention de ceux qui passent leur temps à m'insulter, derrière ce compte Twitter et lors de différentes manifestations. Je ne peux que me satisfaire de cette décision", a réagi Jérôme Rodrigues au micro d'Europe 1.
Plainte de Darmanin
Eborgné par un tir de grenade lors d'une manifestation en janvier 2019, il avait reconnu avoir publié sur Twitter, en septembre 2020, le message : "c'est clair, bande de nazis, que vous irez ouvrir le camp de concentration disponible au nord-est de Paris, celui que vous tentez de cacher aux médias". Ces mots avaient entraîné le dépôt d'une plainte de la part du ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, qui avait dénoncé des propos "ignobles" et affirmé sa volonté de "défendre l'honneur de tous les policiers".
"Rodrigues 1, Darmanin 0. Des victoires en justice, il y en aura d'autres. Ça prouvera à ce gouvernement qu'il n'est pas maître du monde et qu'il ne fera pas ce qu'il veut en France pour toujours faire passer les 'gilets jaunes' pour des animaux qui n'ont aucune valeur ou qui sont là pour nuire à la France", a ajouté Jérôme Rodrigues. Figure parmi les plus connues du mouvement des "gilets jaunes", Jérôme Rodrigues avait perdu un œil lors d'une manifestation le 26 janvier 2019, alors qu'il était en train de filmer l'arrivée du cortège place de la Bastille à Paris. Deux policiers ont été mis en examen le 14 janvier dernier, l'un pour "violences volontaires ayant entraîné une mutilation ou une infirmité permanente" et l'autre pour "violences volontaires aggravées" dans le cadre de cette affaire.