Après une lente décrue de la mobilisation entamée depuis un mois, les "gilets jaunes" comptaient sur "l'acte 15" pour relancer leur mouvement, plus de trois mois après le début de la gronde sociale. Pour le treizième samedi consécutif, les manifestants ont donc arpenté les rues de Paris, mais également de nombreuses villes en régions. Et si des heurts ont une nouvelle fois éclaté en fin de cortèges, l'opération est réussie pour les "gilets jaunes", la participation étant en hausse pour la première fois depuis plusieurs semaines. Europe 1 fait le point sur cette nouvelle journée de manifestations.
46.600 manifestants dans toute la France, 5.800 à Paris
Pour la première fois depuis plusieurs semaines, les "gilets jaunes" ont réussi à enrayer la baisse de la mobilisation. Selon les chiffres du ministère de l'Intérieur, régulièrement contestés par les manifestants, 46.600 personnes ont battu le pavé sur l'ensemble du territoire, contre 41.000 samedi dernier. Même hausse à Paris, où 5.800 manifestants ont été comptabilisés soit 800 de plus qu'il y a une semaine.
Un rassemblement calme à Paris, quelques heurts au Trocadéro
Dans la capitale, le rendez-vous était donné à midi sur les Champs-Elysées. C'est donc de la "plus belle avenue du monde" que s'est élancé le cortège, en direction du Trocadéro. Une semaine après une mobilisation marquée par les insultes antisémites proférées contre Alain Finkielkraut, l'avancée des "gilets jaunes" s'est déroulée dans le calme et sans incident majeur, en passant par le quartier de l'Opéra, contournant le musée du Louvre, puis effectuant une pause devant le siège du Medef. Une fois arrivé sur l'esplanade du Trocadéro vers 17 heures, le rassemblement a commencé à se disperser, mais quelques heurts ont éclaté avec les forces de l'ordre, qui ont fait usage de gaz lacrymogènes. Vers 19 heures, la place s'était totalement vidée. Au total, 28 personnes ont été interpellées à Paris, selon la préfecture.
Fin de la manif #giletsjaunes sur l’esplanade du Trocadéro, 1eres lacrymos de la journée alors que jusqu’ici la manif s’est déroulée dans le calme, avec slogans et chants, dans un cortège encadré par les forces de l’ordre sur un parcours déclaré en préfecture. pic.twitter.com/qV5kyi9G3m
— Aline Leclerc (@aline_leclerc) 23 février 2019
Mobilisation en hausse en région, des affrontements à Clermont-Ferrand et Rennes
La mobilisation a également été importante en régions, où des rassemblements étaient organisés dans de nombreuses villes. Si dans la plupart des cas, les manifestations se sont déroulées dans le calme, comme à Marseille (plus de 1.000 personnes) et Montpellier (1.500 personnes), ou encore Caen, Nantes (900 personnes) et Saint-Etienne, des heurts ont éclaté à Clermont-Ferrand, Rennes, puis à Bordeaux et Toulouse en fin de journée.
À Clermont-ferrand, quelque 2.500 "gilets jaunes" se sont mobilisés pour un rassemblement régional. Alors que la ville s'était barricadée dans la crainte de débordements, les heurts ont commencé rapidement. Des affrontements ont eu lieu dans une artère commerçante de la ville, puis aux alentours du palais de justice. Au total, neuf manifestants ont été blessés, tout comme un policier. Selon la préfecture, les forces de l'ordre ont procédé à 33 interpellations, dont 16 ont débouché sur des gardes à vue.
VIDÉO - des casseurs attaquent la boutique Orange sur la place de Jaude à Clermont-Ferrand #GiletsJaunes#ClermontFdpic.twitter.com/XloKTIgjBi
— France Bleu Pays d'Auvergne (@FBAuvergne) 23 février 2019
Quelques personnes ont également été blessées à Bordeaux, tandis qu'à Toulouse (3.000 manifestants selon la police), des CRS ont été la cible de "cocktails molotov", selon la préfecture. Quatre personnes ont été interpellées dans la "ville rose".
À Rennes, une quinzaine de personnes ont été interpellées, après que des affrontements aient éclaté dans les rues de la ville bretonne, où 2.000 manifestants ont été comptabilisés par la police. Des vitrines de banques ou d'enseignes immobilières ont été brisées, et des poubelles incendiées. Selon un bilan provisoire, sept policiers ont été blessés, ainsi que quatre manifestants. La préfecture a fait état de son côté de 26 interpellations, certaines effectuées "dans le cadre de contrôles et de fouilles préventives" avant la manifestation.
Sur Twitter, le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner a dénoncé les violences de certains manifestants. "Les exactions commises en marge des rassemblements de Clermont-Ferrand, Rouen, Montpellier, sont intolérables", a-t-il écrit sur le réseau social, avant de saluer "l'action de nos forces de l'ordre, intervenues avec sang-froid et détermination alors même qu'elles étaient violemment prises à partie".
La violence, toujours.
— Christophe Castaner (@CCastaner) 23 février 2019
Les exactions commises en marge des rassemblements de Clermont-Ferrand, Rouen, Montpellier... sont intolérables.
Je salue l’action de nos forces de l’ordre, intervenues avec sang-froid et détermination alors même qu’elles étaient violemment prises à partie.
Des "gilets jaunes" innovent en investissant la pelouse du Château de Chambord
Pour ce quinzième samedi de mobilisation, plus d'un millier de "gilets jaunes" avaient décidé de changer d'air, et on fêté cette nouvelle journée d'action par un pique-nique sur les pelouses du château de François 1er à Chambord, en Loir-et-Cher, où Emmanuel Macron avait fêté ses 40 ans en décembre 2017. Parmi eux, Priscillia Ludosky, l'une des figures médiatiques du mouvement. Sur place, l'ambiance était familiale, certains manifestants improvisant même des parties de foot devant des visiteurs anglais visiblement surpris.
Aucun incident n'a été à signaler, et les pelouses s'étaient vidées vers 17 heures, après une vaste opération de nettoyage organisée par les "gilets jaunes".