"Ce n'est pas mon sujet, je n'y connais rien". Telle fut la réponse du militant politique Etienne Chouard, "figure" des gilets jaunes, à qui le journaliste Denis Robert demandait lundi soir, sur Le Média TV, s'il avait personnellement un doute sur l'existence des chambres à gaz. Des propos qui ont beaucoup circulé sur les réseaux sociaux mardi, déclenchant une polémique, et conduisant l'Union des étudiants juifs de France à annoncer le dépôt d'une plainte pour négationnisme. "Etienne Chouard conteste l'existence des chambres à gaz en en demandant la démonstration par des historiens. Le travail a été fait. Une loi est passée. La justice passera", a écrit sur Twitter Sacha Ghozlan, le président de l'association.
Choir : Être entraîné vers le bas par son propre poids. Etienne Chouard conteste l'existence des chambres à gaz en en demandant la démonstration par des historiens. Le travail a été fait. Une loi est passée. La justice passera. Nous la saisissons pour ces propos négationnistes. pic.twitter.com/azRcSjWp6A
— Sacha Ghozlan (@SachaGhozlan) June 11, 2019
"Yves Ternon, historien des génocides, nous rappelait il y a quelques jours au Chambon-sur-Lignon que 'tant qu'il y a des négationnistes, le génocide n'est pas terminé'. Après les déclarations d'Etienne Chouard sur les chambres à gaz sur Le Média TV, la Licra saisit la justice", a de son côté tweeté la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra).
Yves Ternon, historien des génocides, nous rappelait il y a quelques jours au Chambon-sur-Lignon que "tant qu'il y a des négationnistes, le génocide n'est pas terminé". Après les déclarations d'Etienne Chouard sur les chambres à gaz sur @LeMediaTV, la @_LICRA_ saisit la justice. https://t.co/LPsyl3IgKI
— LICRA (@_LICRA_) June 12, 2019
Blogueur influent auprès des "gilets jaunes", Etienne Chouard est régulièrement critiqué pour ses prises de position controversées, notamment en faveur d'Alain Soral, qu'il avait qualifié de "résistant". Invité sur le Média TV, il a proposé une vision très large de la liberté d'expression, affirmant, par exemple, que le racisme, qu'il a qualifié d'opinion, devrait pouvoir être "quotidiennement défendu et démonté". C'est au moment où il assurait que "les historiens n'arrêtent pas de déconstruire les histoires souvent écrites par les vainqueurs (...) c'est un travail permanent", que le journaliste Denis Robert lui a posé la question des chambres à gaz.
"Jamais rien lu là-dessus"
Après avoir refusé de donner une réponse claire au motif qu'il n'était pas spécialiste du sujet, Etienne Chouard a fini par lâcher : "je vais te dire 'oui j'ai aucun doute', parce que sinon je suis un criminel de la pensée". Affirmant n'avoir "jamais rien lu là-dessus", le militant s'est interrogé, sur un ton naïf : "si cette histoire de chambre à gaz (...), c'est si grave d'en douter, est-ce qu'il suffit pas de produire la démonstration contre ceux qui nient, et puis on passe à autre chose ?".
Une phrase qui a suscité l'exaspération de nombreux observateurs, qui ont rappelé les innombrables preuves de l'existence des chambres à gaz apportées depuis longtemps par les historiens et les survivants de la Shoah, et enseignées à l'école française à partir du CM2.
Qu'est-ce qu'on lui propose, à M. Chouard? Les actes du procès d'Eichmann? La confession de Rudolf Höss, commandant d'Auschwitz ? Les archives nazies saisies par les armées? Celles des industriels, les témoignages des SS, des victimes? Les lettres des Sonderkommandos de Birkenau?
— Géraldine Woessner (@GeWoessner) June 11, 2019
Des élus de tout bord ont dénoncé les propos du militant. Le député France Insoumise François Ruffin, qui avait rendu hommage en décembre 2018 à "Etienne Chouard et ses amis" pour avoir popularisé le référendum d'initiative citoyenne, a notamment reconnu mercredi sur France Inter avoir fait "une erreur", taxant la sortie du blogueur sur Le Média TV de "pure connerie".