Pour apaiser la grogne dans les rangs des forces de l'ordre, le gouvernement a annoncé mardi que les 111.000 policiers et gendarmes mobilisés lors de la crise des "gilets jaunes" vont recevoir une prime de 300 euros. Mais pour Benoît Barret, secrétaire national adjoint du syndicat Alliance Police Nationale, interrogé par Matthieu Belliard mardi soir sur Europe 1, "cette prime ne suffit pas."
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"Cette fois, c'est trop". "Cette annonce du ministre n'a pas du tout séduit les policiers. Le problème, c'est que le malaise est tellement profond, il dure depuis tellement longtemps, que les collègues attendent beaucoup de choses", soutient le policier, qui fait état de l'épuisement général des troupes. "Il y a, en tout, 23 millions d'heures supplémentaires que les collègues ne peuvent pas se faire payer. C'est incroyable ! Ça fait des années qu'on en parle, c'est un serpent de mer. Mais cette fois, c'est trop. Les collègues sont crevés, usés. Et lorsque, aujourd'hui, on apprend que les collègues qui n'ont pas pu poser de congés parce qu'ils ont été rappelés, ne pourront pas les reporter à l'année prochaine, on ne peut pas l'accepter", affirme-t-il.
"Spectateurs de leur propre agonie". Pour Benoît Barret, qui se fait le porte-voix de ses collègues policiers, la coupe est pleine, et ce n'est certainement pas un chèque de 300 euros qui viendra calmer leur colère. "Ça fait des années que rien ne bouge. En juillet l'année dernière, un rapport sénatorial a très bien mesuré la grogne, le travail dégradé de la police nationale, mais il n'y a eu aucun geste. À un moment donné, les policiers ne peuvent pas rester spectateurs de leur propre agonie", met-il en garde.
Dès lors, le syndicat Alliance a appelé à "une journée morte dans les commissariats", mercredi. Benoît Barret annonce : "Les collègues ne sortiront qu'en cas d'urgence."