Dix jeunes ont été condamnés vendredi par le tribunal correctionnel de Créteil à des peines allant jusqu'à quatre ans de prison ferme pour avoir prostitué des jeunes filles mineures dans des hôtels de la région parisienne.
Les prévenus âgés d'à peine 20 ans. Les peines les plus lourdes ont été prononcées contre les "chefs" de ces micro-réseaux, qui ne fonctionnaient parfois que par périodes de quelques jours. Ils louaient les chambres d'hôtels et recrutaient des "bosseuses", qu'ils n'hésitaient pas à se "vendre" entre eux. Âgés d'à peine 20 ans, les prévenus - huit garçons et deux filles - viennent pour la plupart de deux quartiers du Val-de-Marne et se connaissent bien. Parmi les organisateurs, une jeune femme, 15 et 16 ans au moment des faits (avril 2016-décembre 2017) et dont le nom apparaît dans plusieurs de ces réseaux, sera jugée à une date ultérieure devant le tribunal pour enfants.
Des jeunes femmes "rencontrées" sur Snapchat. Les victimes, huit filles âgées de 13 à 17 ans à l'époque, ne se sont pas présentées au procès. Elles étaient parfois des copines de collège des prévenus, plus souvent "rencontrées" sur le réseau social Snapchat. Une jeune femme, à la fois victime et prévenue, a écopé d'un an d'emprisonnement avec sursis. "Amoureuse" selon ses mots de son proxénète, elle se prostituait mais aidait aussi à la prostitution d'autres filles, notamment en postant des annonces.
"Aussi grave que n'importe quel proxénétisme". Des peines avec sursis ou aménageables ont été prononcées contre les autres prévenus, jugés pour avoir fait de la "pub" pour leurs copains qui "cherchaient des filles" sur les réseaux sociaux, pour avoir "rendu service" en prêtant leurs cartes bleues pour réserver des chambres d'hôtels ou pour avoir assuré la "sécurité" en se cachant dans la salle de bain pendant les passes. "Peu importe que ce soit un petit réseau (...), qu'ils n'aient pas brassé tant d'argent", "peu importe que les jeunes filles consentent", avait dit jeudi la procureure dans ses réquisitions : ce "proxénétisme des cités", qui se popularise et touche principalement des mineures "fugueuses, souvent perdues", est "aussi grave que n'importe quel proxénétisme".
Devant le tribunal, aucun des prévenus n'a semblé comprendre que les faits correspondaient à la "définition juridique" du proxénétisme. "Je suis pas un mac. J'ai juste loué une chambre. J'ai pas tapé, je les ai pas mises sur le trottoir, je les ai jamais forcées", s'était énervé un prévenu.