À Lanester, près de Lorient, dans le Morbihan, la cinquantaine de "gilets jaunes" qui occupaient le rond point de Lann-Sévelin a vu son campement évacué, mercredi. Sans violence, ni tensions avec les autorités. Depuis le 17 novembre, date des premiers braseros sur ce giratoire au milieu d'une zone industrielle, ils étaient comme une comme une famille qui défend sa maison, composée de deux cabanes et un Algéco. Un peu comme sur de nombreux ronds points de France, que les forces de l'ordre s'emploient à déloger, un à un, depuis le début de la semaine.
"On ne baissera pas les bras". Mercredi, vers 12h30, les gendarmes mobiles ont demandé la dispersion des manifestants face à des "gilets jaunes" qui ont voulu "tous se tenir les mains et faire le tour de la cabane". "Deuxième sommation, on va faire usage de la force", ont prévenu les forces de l'ordre. Impuissants, les manifestants ont chanté la Marseillaise. "Ça nous prend aux tripes, mais on va reconstruire et ne rien lâcher. Avec leurs beaux discours, comme quoi le mouvement s'essouffle… Qu'ils viennent nous voir ! On ne s'essouffle pas du tout, on ne baissera pas les bras."
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"Au lieu de nous faire peur, ça nous énerve et il va y avoir des actions plus dures, plus musclées", analyse une autre "gilet jaune". "Certaines personnes en ont marre d'être un peu trop pacifiques. Les gens ont envie de s'attaquer à des banques, ils parlent beaucoup de préfecture." En attendant, les contestataires se sont réunis mercredi soir en Assemblée citoyenne, à la maison des Associations de Lorient, pour évoquer les actions à venir.
Traverser la rue… pour reconstruire. À quelques centaines de kilomètres de là, à Scionzier, en Haute-Savoie, les "gilets jaunes" qui occupaient un rond point à la sortie de l'A40 ont décidé de se plier aux injonctions des autorités. Mais seulement pour quelques instants : ils ont immédiatement déplacé leur campement d'une cinquantaine de mètres. "On a traversé [la rue], tout simplement", s'amuse Christelle, une jeune grand-mère. "On a écouté Emmanuel [Macron, qui avait indiqué à un jeune chômeur qu'il suffisait de traverser la rue pour retrouver un emploi, ndlr] donc faute de trouver du travail, on a retrouvé un emplacement pour pouvoir installer le camp et continuer le mouvement."
Trois nouveaux baraquements sont désormais dressés juste en face du rond-point. "Le propriétaire nous a laissé nous installer gentiment sur son terrain privé. On est en règle, les gendarmes ne peuvent rien faire contre nous, ni le préfet, ni personne", affirme Marion, jeune manifestante, dont la voix est couverte par les bruits de marteaux et des "Macron démission" derrière elle.
Passer les fêtes sur un rond point ? Les "indestructibles Gaulois" de Scionzier, comme ils s'appellent entre eux, vont-ils passer les fêtes près de ce rond point, carrefour pour l'accès à de nombreuses stations de ski ? "Je préférerais être là à me battre pour une cause que d'être chez moi à ne rien faire", insiste Laurie. "Moi, j'aimerais bien être avec mon fils mais je me bats pour son avenir. Il a 4 ans", lui répond son amie Marion. "Il faut être là et montrer aux gens qu'on ne lâchera rien."