Stéphane Trinquier, un maire habitué des controverses

Richard Trinquier sera jugé en juin (photo d'archives).
Richard Trinquier sera jugé en juin (photo d'archives). © AFP
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M.L avec AFP
L'édile, accusé d'avoir menacé des gens du voyage avec un sabre japonais, sera jugé début juin. La dernière d'une longue série de polémiques depuis sa première élection.

"Ça ne m'étonne pas. C'est absolument son genre." En apprenant le placement en garde à vue de Richard Trinquier, maire de Wissous, dans l'Essonne, une conseillère municipale de l'opposition ne mâchait pas ses mots, le week-end dernier. Cette fois soupçonné d'avoir menacé des gens du voyage avec un sabre japonais, l'édile de 68 ans est "très autoritaire" et "ne supporte pas la contestation", selon la même source, interrogée par Europe 1. Force est de constater que sa vie publique, entamée lors de sa première élection en 1995, est riche en polémiques.

  • L'engagement politique de son père

Richard Trinquier est le fils de Roger Trinquier, colonel pendant la guerre d'Algérie, proche de l'Organisation armée secrète (OAS) et théoricien de guerre renommé, décédé en 1986. Mais l'actuel maire de Wissous, qui a passé son enfance avec sa mère au Vietnam, ne l'a connu qu'à son arrivée à Paris à 9 ans. "Avec mon père, l'amalgame est facile", admettait-il en 2014, reconnaissant partager son point de vue sur "le gaullisme et les évènements d'Algérie : il y a eu tromperie du général de Gaulle."  Sa dévotion le conduit à ne plus boire de l'eau d'Evian "depuis le 19 mars 1962", date des accords mettant fin à la guerre d'Algérie.

Comme son père, ami de Jean-Marie Le Pen et qui avait envisagé de se présenter pour son parti, Richard Trinquier entretient-il des liens avec le Front national ? Jusqu'à il y a quelques années, l'édile répondait que non, invoquant un mauvais accueil à des réunions du parti en raison de ses origines métissées. Mais depuis son départ de l'UMP et son adhésion à Debout la France, le mouvement de Nicolas Dupont-Aignan, le maire a évolué : au deuxième tour de l'élection présidentielle, il a appelé à voter pour Marine Le Pen.

  • L'armement de sa police municipale

En 1995, à une époque où aucune loi n'encadre les polices municipales, Richard Trinquier arme ses agents de 357 magnum, puis de fusils à pompe, réclamant un commissariat dans sa ville. Le Conseil d'Etat retoque cette décision. Mais fin 2004, l'élu récidive et équipe sa police de de tasers, des armes pas encore homologuées, poussant le préfet à intervenir.

Car le maire est lui-même passionné par les armes, en possède plusieurs et ne l'a jamais caché aux habitants de sa commune. Après son arrestation, dimanche soir, une perquisition a été menée à son domicile. Celle-ci s'est toutefois montrée infructueuse, "l'épouse de Richard Trinquier, informée de l'interpellation de son mari, ayant pris l'initiative de confier ces armes à un tiers, ferrailleur sur le département de l'Essonne", selon un communiqué du parquet. Au domicile de ce dernier, les enquêteurs ont découvert douze armes à feu, dont trois n'étaient pas déclarées.

  • Les femmes voilées refoulées de la "plage"

Le grand public s'est lui familiarisé avec le nom de Richard Trinquier en 2014, avec l'affaire de "Wissous plage", du nom d'une plage artificielle installée sur sa commune et interdite d'accès aux personnes portant un signe religieux. Quand deux femmes se présentent voilées aux abords de l'attraction, le maire les refoule en personne, provoquant une vive polémique qui dépasse, cette fois, les frontières de la ville.  "On nous a sorti la loi de 2004, celle de 2010 sur le voile intégral et un peu de laïcité. Mais ces lois n'interdisent pas les signes religieux dans les lieux publics, elles ne concernent que l'école et la burqa", témoigne à l'époque auprès d'Europe 1 le responsable d'une association locale de défense de la culture "arabo-musulmane". La mesure est retoquée à deux reprises par le tribunal administratif.

  • Les déclarations publiques sous couvert de "boutades"

Richard Trinquier voue une haine aux communistes, qu'il exprime en 2005 en plein conseil municipal devant une opposition médusée. "J'ai dit : 'Un bon communiste est un communiste mort'", reconnaît-il alors auprès de l'AFP. En 2014, un conseiller municipal récalcitrant affirme avoir reçu par courrier un article sur le pouvoir d'hospitalisation d'office conféré aux maires, aux allures de menaces. L'édile évoque lui une "boutade".

La même année, Richard Trinquier relaye sur sa page Facebook des dizaines d'articles islamophobes, proposant par exemple de déchoir de la nationalité française les binationaux, "pour qu'ils retournent au cul de leurs ânes dont ils n'ont pas su évoluer". Ces publications sont ensuite supprimées.

  • Le sabre japonais et les gens du voyage

Dernier épisode dimanche dernier, lorsque le maire vient à la rencontre d'une communauté de gens du voyage, installée sur le parking d'un chantier de sa ville, sans autorisation selon lui. Certains d'entre eux appellent la police, affirmant que l'édile brandit un sabre japonais et exhibe une arme de poing. "Richard Trinquier, porteur d'un gilet pare-balles, était retrouvé en possession d'un sabre japonais de type katana, arme de catégorie D, qu'il exhibait devant les fonctionnaires de police requis", écrit le parquet dans son communiqué. Le principal intéressé affirme avoir agi en situation de légitime défense, car il était menacé par un homme avec un fusil. La justice tranchera le 14 juin prochain.