Les esprits chagrins relèveront que Bernard Hinault, le dernier Français vainqueur du Tour de France en 1985, attend toujours son successeur. Mais l’édition 2017 a été en tous points réussis pour le cyclisme tricolore, avec cinq victoires d’étapes, le deuxième podium consécutif de Romain Bardet et l’explosion de Warren Barguil, sacré meilleur grimpeur. Les deux nouveaux chouchous du public français ne portent cependant pas seuls les espoirs français. Arnaud Démare et Lilian Calmejane, eux aussi vainqueurs d’étapes cette année, tout comme Thibaut Pinot, quatrième du dernier Giro, affichent de belles promesses pour l’avenir.
- Romain Bardet, une tête de (futur) vainqueur
Romain Bardet n’a pas déçu. Le leader d’AG2R, troisième à 2 minutes 20 de Chris Froome, a confirmé sa deuxième place de l’an dernier. Premier Français à s’installer deux fois d’affilée sur le podium depuis Richard Virenque (3ème en 1996 et 2ème en 1997), il s’installe clairement parmi les favoris pour les prochaines éditions de la Grande Boucle. Sa victoire à Peyragudes, lors de l’étape-reine des Pyrénées, a montré qu’il était capable de battre les meilleurs, de Chris Froome à Rigoberto Uran en passant par Fabio Aru.
Mais pour viser la victoire finale, Romain Bardet, 26 ans, a encore du travail. Sa faiblesse en contre-la-montre (il a concédé près de 2 minutes 36 à Froome sur 36 km) constitue son talon d’Achille. Son équipe, AG2R, doit également progresser pour rivaliser avec l’armada Sky. "La Sky, c’est la meilleure équipe du monde. Nous, on souhaite réduire la différence avec eux. Il va y avoir du recrutement, et il y a des domaines dans lesquels on doit progresser, notamment en montagne", a constaté Vincent Lavenu, le manager de l’équipe française, interrogé par Europe 1.
- Warren Barguil, le général ou les (gros) coups ?
Du panache, deux victoires d’étape en haut montagne, le maillot à pois de meilleur grimpeur : Warren Barguil a fait rêver les fans tricolores. Le Breton a frappé fort en s’imposant, en solitaire, au sommet du mythique col d’Izoard, et en se hissant à une très belle 10ème place au classement général.
À 25 ans, Barguil est désormais le successeur désigné de Richard Virenque. Les équipes françaises l’ont bien compris, et tentent de le persuader de quitter la Sunweb (Allemagne). AG2R, la FDJ et Direct Énergie lui font la cour, tout comme la formation lancée la saison prochaine par l’ancien coureur Jérôme Pineau. Nouvelle équipe ou pas, Barguil a désormais les capacités pour jouer le classement général des grands Tours, et pourquoi pas un top 5. À moins qu’il préfère rester un homme de (gros) coups, à la manière de Richard Virenque, son idole de jeunesse.
La victoire de Barguil au sommet de l'Izoard :
#TDF2017 Exploit PHÉNOMÉNAL de Barguil qui remporte cette étape de légende ! Froome patron du Tour, Bardet 2e du général ! #HistoiresDuTourpic.twitter.com/kdL1O61hjd
— francetv sport (@francetvsport) 20 juillet 2017
- Arnaud Démare, gagner à nouveau
Arnaud Démare, 25 ans lui aussi, a certes abandonné dès la 9ème étape, mais le sprinteur a rempli son contrat en remportant sa première victoire d’étape sur le Tour. Le champion de France, premier Tricolore vainqueur au sprint depuis Jimmy Casper en 2006, a porté brièvement le Maillot vert, avant d’en être dépossédé par "l’ogre" Marcel Kittel (cinq victoires d’étape). Démare, couvé par la FDJ, peut lui aussi espérer enrichir son palmarès dans les années à venir. Déjà vainqueur de Milan-San Remo 2016, il peut continuer à jouer les premiers rôles sur les classiques "plates" et les victoires d’étape et le Maillot vert sur la Grande Boucle. Mais il lui faudra améliorer sa capacité de résistance sur trois semaines.
- Lilian Calmejane, le successeur de Voeckler
Pour son premier Tour de France, Lilian Calmejane (24 ans) a remporté avec brio, en solitaire, sa première victoire d’étape dans le Jura. Une performance qu’il avait déjà réalisée l’an dernier sur la Vuelta, là aussi dès sa première participation. Le coureur de Direct Énergie apparaît aujourd’hui comme le digne héritier de Thomas Voeckler, parti à la retraite. Celui qui se décrit lui-même comme une "grande gueule" possède des caractéristiques communes avec son aîné, comme le sens du panache et de l’offensive. Un possible futur animateur de grands Tours.
- Thibaut Pinot, retrouver le plaisir
Thibaut Pinot (27 ans) a lui raté son Tour de France, qu’il a abandonné dans les Alpes, mais il reste une valeur sûre. Le coureur de la FDJ, sans envie et sans jambes de son propre aveu, n’a pas réussi à enchaîner après son très beau Giro, conclu à la quatrième place. Pinot est capable du meilleur comme du pire. Troisième du Tour 2014, il a également abandonné à trois reprises, en six participations. Giro, Tour, Vuelta : Pinot va devoir choisir ses objectifs dans les années à venir.
- Eux aussi promettent
Julian Alaphilippe, blessé au genou, a été le grand absent français de l’édition 2017. Le puncheur-sprinteur de 25 ans, souvent placé (3ème du dernier Milan-San Remo, 4ème aux JO 2016), deux fois deuxième de la Flèche wallonne, deuxième de Liège-Bastogne-Liège 2015), a tout de la future star, mais il lui faudra gagner. Nacer Bouhanni n’a lui pas fait mieux qu’une quatrième place sur ce Tour, sans doute handicapé par sa lourde chute sur le Tour du Yorshire en avril dernier. Le sprinteur de Cofidis, 26 ans, a tout de même un beau potentiel. Il compte notamment trois victoires d’étape sur le Giro et deux succès d’étape sur la Vuelta.
Parmi les jeunes pousses du cyclisme tricolore, signalons également les belles promesses de Guillaume Martin et Pierre Latour, tous deux 23 ans et respectivement 23ème et 29ème de ce Tour. Plus jeune, David Gaudu, 20 ans, est lui une "pépite" encore en formation à la FDJ. Vainqueur du Tour de l’Avenir 2016 (considéré comme le Tour de France des moins de 23 ans), il avait terminé 9ème de la dernière Flèche wallonne.