Tous les jours dans la matinale d’Europe 1, Olivier de Lagarde scrute et analyse la presse du jour. Aujourd’hui, le discours de politique générale de François Bayrou et Patrick Boucheron, pape des intellectuels de gauche.
Le grand flou
A la une de l’opinion, le premier Ministre est croqué par Kak, sous la forme d’un ophtalmo. Dans son cabinet un panneau avec des grosses lettres. Il tente de faire lire à une gentille Marianne le mot Urgence. « Mais c’est flou » se plaint elle. Commentaire alors du docteur Bayrou : C’est parfait !
Et oui si c’est flou, c’est Bayrou !
Le constat revient quasi invariablement ce matin.
« C’est la stratégie de ne rien dire » résume Nicolas Beytout à la une de l’Opinion.
« C’est le roi du silence » commente aussi Olivier Auguste du Parisien aujourd’hui en France.
En première page du Figaro, Yves Thréard nous raconte son après-midi d’hier : « On écoute l’agrégé de lettres classique égrener les chapitres de sa nouvelle promesse française. Les intentions sont louables mais demeure l’interrogation majeure : comment les finance-t-il. Il ne dit pas un mot des impôts et si peu sur la réduction de la dépense publique. Tout est remis à la réflexion de comité Théodule dont on sait l’efficacité ».
Bayrou ne pactise pas avec le PS
Oui c’est vrai. On était dans un Sfumato que n’aurait pas renié Léonard de Vinci. Mais dans le fond, est ce que ce n’était pas la bonne technique à adopter ? Eh bien les mêmes éditorialistes ne sont pas loin de le penser. « Dans la vraie vie, on dirait qu’il marche sur des œufs, tout simplement parce qu’il ne peut rien faire de constructif avant d’avoir fait passer ses deux budgets » explique Cécile Cornudet. L’éditorialiste politique des Echos qui «se félicite en même temps de ce que « les mises en garde de la droite et des milieux d’affaires ont fonctionné. Français Bayrou ne pactise pas avec le PS, constate-t-elle il ne suspend ni n’abroge la réforme des retraites ».
Et dans le Figaro Guillaume Tabard va même un peu plus loin, reconnaissant même une forme d’habileté au Premier Ministre. Les tractations des dernières heures avec socialiste écologistes et communistes laissait redouter qu’il renonce à l’objectif de redressement des finances publiques. Il n’en a rien été.
Dindons de la farce
Et d’ailleurs à gauche on est dépité. C’est le verre à moitié bide commente-t-on peu amène. « Retraite, c’est le grand Bluff » titre aussi l’Humanité qui annonce d’ores et déjà que les parlementaires communistes prévoient de voter la motion de censure.
Et ceux qui étaient les plus heureux hier à l’issu de ce discours de politique général, était finalement les insoumis.
Dans un bureau de leur groupe à l’Assemblée hier Jean Luc Mélenchon jubilait racontent Pierre Maurer et Julien Duffé du Parisien Aujourd’hui en France.
« Les concessions accordées aux socialistes sont tellement grotesque que je leur laisse le plaisir de les expliquer » déclarait le leader insoumis. « Le centre de gravité s’est a nouveau réorganisé autour de nous jugeait-t-il encore ».
A côté de lui Manuel Bombard opinait du bonnet : « Que le PS se soit ridiculisé ne me surprend pas particulièrement déclarait-il. Et d’ajouter, pour qu’il y ait une farce il faut qu’il y ait plusieurs dindons ».
Renvoi d’ascenseur et égo démesuré.
Le système Boucheron. C’est un long papier passionnant et bien documenté, signé Paul Sugy dans le Figaro. Il raconte comment Patrick Boucheron, nouveau pape de la gauche intellectuelle, a réussi à créer un système de pouvoir et d’allégeance pour devenir l’historien médiatique de référence du service public.
Sa méthode : renvoi d’ascenseur et égo démesuré.
Un jour dans un débat il réplique à Alain Finkielkraut, qui osait lui tenir tête : « Je suis professeur au collège de France, alors que cela vous plaise ou non ma voix porte plus que la vôtre » ... Ce qui s’appelle sans doute pousser le Boucheron un peu loin.
Fini les speakers au ton monocorde
Mais on va terminer de manière un peu auto centrée nous aussi et on s’en excuse. par les 70 ans D’Europe 1.
C’est le JDNews cette semaine qui consacre un long papier à notre anniversaire. L’occasion de revenir sur les débuts de notre station qui depuis sa création n’a cessé d’innover.
Parmi les grandes nouveautés en cette année 1955. Le fait de faire venir les journalistes eux même au micro. Jusque-là explique Armelle Favre c’étaient des speakers au ton monocorde qui lisait des textes écrit par d’autres.