5:52
  • Copié
, modifié à

Gastronomie, loisirs... Chaque week-end à 6h38, Marion Sauveur et Vanessa Zha vous présentent un produit, un producteur et tous les bons plans pour re(découvrir) une région. Direction le Tarn et la Loire ce samedi matin.

Vanessa vous nous emmenez dans le Tarn ce matin.

Exactement, pour découvrir un savoir-faire qui vient d’être inscrit au Patrimoine Culturel Immatériel Français. L’occasion pour le Tarn de lancer une route dédiée justement à ce métier si particulier. Celui de Francoise Carayol, de la ferme au village à Lautrec. Elle est maitre teinturier. Elle fait de la teinture au Pastel ! Au sud d’Albi, vous êtes au pays du Bleu Pastel, qu’on appelle aussi le triangle d’or. Vous allez comprendre pourquoi : déjà vous savez d'où vient le mot Cocagne? De "coque" ou "coquaigne". Et c’est grâce à cette petite coque que le territoire s’est enrichi entre le moyen-âge et le XVIIe siècle. A tel point qu’on disait que les seigneurs étaient même plus riches que les rois et ça, vous en avez déjà un petit aperçu rien qu’en jetant un coup d’œil aux hôtels particuliers de Toulouse. Cette boule, c’est la boule de pastel : la cocagne. Qu’on utilise pour la teinture au pastel, cette teinture bleue.

le Pastel c’est une plante donc, mais elle est bleue.

Non, elles sont vertes, mais elles vont donner du bleu en teinture. Il faut une tonne de feuilles pour obtenir deux kilos de bleu. Pour en savoir plus il faut aller à Lautrec. A Lautrec il n’y a pas que l’ail rose, il y a le Pastel. C’est le village du peintre Toulouse Lautrec. Le berceau de sa famille depuis le Xe siècle. Et c’est dans ce village que travaille Francoise Carayol.

C'est intéressant de la voir travailler car on observe avec fascination le processus de manipulation, de fermentation qui est assez complexe et aussi très intuitif, artistique. Elle a mis 7 ans avant de maitriser la technique, ce qui fait qu’aujourd’hui des professionnels du monde de la mode et de la décoration viennent en stage chez elle à la ferme au village.

Et nous aussi on pourrait apprendre ?

Oui oui, il y a différents ateliers dont un atelier découverte pour tout apprendre sur l’histoire du pastel, le métier de teinturier et assister à une démonstration, au prix de huit euros. Et deux autres pendant lesquels vous pouvez teindre une ou quatre pièces : ça va de 30 à 100 euros l’atelier. 

Une adresse pour dormir ?

Chez Sandra et Sylvain, à la Chambre d’Hôtes de Cadalen. Une maison de caractère qui date du XIVe siècle, avec un sublime double pigeonnier. Important les pigeonniers dans ce pays de Cocagne. Vous en voyez souvent en plein milieu des champs. Pour cultiver le pastel et bien on fumait les terres à la Colombine, la fiente de pigeon.

Marion Sauveur aujourd’hui, vous nous emmenez dans la Loire pour faire plaisir à l’un de nos auditeurs : Thierry Bacher. 

Oui, il nous a indiqué sur notre groupe Facebook qu’il aimerait que je vous parle d’une spécialité de Saint Etienne : la râpée stéphanoise. Est-ce que vous connaissez ? 

C’est un plat gourmand parfait pour l’hiver. Ce sont des galettes de pommes de terre. C’est une vraie recette de terroir. Dans toutes les familles stéphanoises, on cuisine la râpée, plus ou moins plates et avec des œufs ou pas. Pour réussir la recette des râpé stéphanois, j’ai demandé les conseils de Charles Soubeyrand, c’est l’un des spécialistes de la râpée : il est le chef du restaurant qui porte bien son nom :"La râpée" à Saint-Etienne bien sûr ! Allez on commence par les pommes de terre.

"La meilleure façon c’est de les râper, les égoutter : il faut les égoutter pour enlever l’excédent. Vous rajoutez un œuf et demi par part de râpée. Sel, poivre. Et vous les cuisez dans une poêle avec de l’huile. Faut qu’elles soient bien dorées et les faire cuire pas trop rapidement quand même, qu’elles aient le temps de cuire à l’intérieur. Et ça s’accompagne avec du fromage frais : du sarrasson, avec de l’huile d’olive, du vinaigre, ciboulette, persil, de l’ail, échalotes. Donc ça fait un fromage blanc assaisonné, ça se mange avec une salade verte et bien entendu quelques charcuteries". 

Charles Soubeyrand réalise ses râpées au feu de bois ça donne un bon petit goût de fumé aux pommes de terre. 

Elle existe depuis quand cette râpée stéphanoise ? 

Elle aurait été apportée pendant la Première guerre mondiale. Certains racontent que ce sont les Polonais qui auraient ramenés cette recette en émigrant à Saint-Etienne. Ils sont nombreux à avoir rejoint Sainté à partir du milieu de XIXème siècle et même plus encore pendant la première guerre mondiale, particulièrement pour remplacer les mineurs français partis au front. 

Et c’est vrai que les Polonais cuisinent une râpée qu’ils saupoudrent de sucre à la fin de la cuisson ou garnissent de confiture. On l’appelle la Plenzé. Je vous conseille d’ailleurs de la goûter si vous allez un jour en Pologne. D’autres pensent que ce sont les paysans ardéchois qui ont rapporté leur spécialité : la crique. D’où serait inspirée la râpée. 

Une chose est certaine : on retrouve aussi ces galettes de pommes de terre aujourd’hui dans d’autres régions françaises avec des herbes, plus ou moins d'œufs, plus ou moins d’oignons. Si je vous dis la râpée auvergnate, le matefaim en Savoie, le matafan dans le Jura, ou la crique en Ardèche ou à Lyon. On se régale avec les pommes de terre. 

 

La râpée stéphanoise

Les ingrédients pour une personne :

  • 1 ½ oeuf 
  • 200g de pomme de terre 
  • ¼ d’oignon (si vous le souhaitez)
  • huile
  • sel
  • poivre 
  • salade 
  • charcuterie 

Les étapes de la recette :

1. Râpez les pommes de terre épluchées.

2. Mélangez-les avec les œufs. Si vous aimez les oignons, ajoutez-les émincés. Salez et poivrez.

3. Une fois l’huile chaude, déposez des tas de pommes de terre dans la poêle, et cuire à feu moyen, comme plusieurs petites crêpes.

4. Pour l’épaisseur : plus elles sont fines, plus elles seront croustillantes ; plus elles seront épaisses plus elles seront croustillantes à l’extérieur mais fondantes à l’intérieur. 

5. Quand c’est doré d’un côté, retournez vos petits tas pour laisser dorer de l’autre côté. Mettez-les sur du papier absorbant avant de servir.