Tous les samedis dans l'émission Mediapolis, Claire Hazan revient sur l'actualité et la politique par le prisme des réseaux sociaux.
Claire Hazan aujourd’hui vous nous emmenez aux Etats-Unis.
Il s’y joue en ce moment une bataille judiciaire surréaliste, autour des tweets de Donald Trump.
Sachez que si Trump vous empêchait de les voir, ce serait désormais inconstitutionnel.
C’est ce qui est arrivé à 7 personnes, 7 citoyens américains lambdas, bloqués sur Twitter par leur président. Bloqué ça veut dire quoi ? Imaginez : Trump tweet, vous commentez comme des milliers d’internautes son message sur twitter, votre commentaire lui déplait, il vous bloque. Vous ne pouvez plus voir ses messages, et lui ne peut plus voir les vôtres. Il passe peut-être ainsi une bien meilleure journée.
Ces 7 personnes se sont regroupées, elles ont porté plainte, elles ont gagné. Au nom du premier amendement qui protège la liberté d’expression. Leur argument principal : la parole de Trump sur les réseaux sociaux est une parole publique, même s’il s’exprime avec son compte privé (@realDonaldTrump, 52 millions d’abonnés). On en doutait plus Trump a totalement chamboulé l’usage présidentiel des réseaux sociaux : il y fait des annonces officielles, interpelle les autres chefs d’Etat. Bref ses tweets sont comme des communiqués de presse.
Visibles par tous maintenant puisque la Maison Blanche a commencé à débloquer cette semaine une partie des citoyens bloqués par le Président.
Victoire des citoyens contre le Président mais la bataille ne s’arrête pas là me semble-t-il.
Oui la Maison Blanche a l’air de prendre ça très au sérieux, elle a décidé de faire appel ! On verra jusqu’où va cette histoire.
En attendant, il y a d’autres initiatives qui tentent de fermer le clapet numérique de Trump. Ça va du très sérieux au plus saugrenu. Comme cette ancienne de la CIA qui avait lancé une cagnotte pour racheter Twitter, et ainsi pouvoir carrément expulser le Président américain. Véridique, elle avait récolté 90 000 dollars !
Plus sérieusement, Twitter a déjà dû prendre officiellement position sur le sujet. Au plus fort des tensions entre les EU et la Corée du Nord, de nombreux internautes inquiets pour la sécurité nationale lui demandait de supprimer les messages de menaçants de Trump à l’encontre du dictateur nord-coréen Kim Jong Un (rappelez-vous quand il l’appelait Rocket Man et vantait son bouton plus gros que le sien). Réponse du patron de Twitter dans un communiqué : impossible, ils sont « d’intérêt public ».
Pour l’instant donc, tout va bien. Trump peut continuer de tweeter chaque jour ce qui lui passe par la tête, et ses opposants numériques de l’insulter en retour via des milliers de commentaires. Bref, une journée normale sur Twitter.