Chaque samedi, dans "Zoom arrière", Axel de Tarlé revient sur un fait économique ou sociétal qui a marqué la semaine.
Les pays du G20 ont suspendu (une partie) de la dette des pays les plus pauvres. Et chez nous, Axel ? Que vont devenir ces monceaux de dettes que nous accumulons ? Pourquoi ne pas les annuler ?
D’abord, vous avez remarqué, les pays du G20, les vingt pays les plus riches, ont simplement procédé à un moratoire. La dette reste exigible, simplement les échéances sont repoussées.
Il faut dire que dans les pays les plus pauvres, les taux d’intérêts sont beaucoup plus élevés que chez nous. Ils atteignent près de 10 %, ce qui fait que bien souvent, ces pays consacrent plus d’argents au paiement des intérêts qu’à leur système de santé. Donc, avec l’épidémie. Ce n’est plus tenable. D’où ce moratoire. On repousse les échéances, mais la dette reste exigible.
Il n’empêche, Emmanuel Macron à bien parlé lundi dernier "d’annuler massivement la dette" des pays pauvres. C’est bien la preuve que c’est possible d’annuler une dette. Pourquoi ne le fait-on pas dans tous les pays (pour repartir sur de bonnes bases) ?
Oui, on peut toujours refuser de rembourser. La France a une dette de 2.400 milliards d’euros. Question : à qui doit-on cet argent ? Réponse : à nous même, aux épargnants français. Tous ceux qui ont de l’assurance-vie, c’est-à-dire plus de la moitié de la population française. Si l’Etat ne rembourse pas ses dettes, c’est la ruine. L’assurance-vie ne vaut plus rien.
Et puis, j’ajoute, imaginez un instant, que la France dise : "pas sûr que nous remboursions nos dettes". Si on commence à tenir ce discours, plus personne ne va nous prêter de l’argent. Or, cette année, la France va emprunter plus de 300 milliards d’euros, l’équivalent du PIB du Danemark.
Mais, alors, s’il faut tout rembourser, nous sommes condamnés à des années d’austérité.
En fait, il existe une nouvelle astuce pour ne pas rembourser. Il y a un mot magique. Ce mot, c’est "monétisation". Ça veut dire quoi ?
Pour faire simple, tout cet argent, ces 300 Milliards dont on a besoin, c’est la Banque Centrale Européenne qui va nous le prêter. Et la Banque Centrale Européenne peut demander à être remboursée dans très très longtemps. Elle peut faire rouler de la dette. Et comme en plus, les taux sont à 0 %. C’est une dette qui ne coute rien.
Vous voyez, en quelque sorte, on a trouvé de "l’argent magique" pour reprendre l’expression d’Emmanuel Macron, c’est la Banque Centrale qui nous prête de l’argent indéfiniment et gratuitement. Pour être honnête, on ne sait pas très bien comment tout ça va se terminer. Car ça ressemble franchement à la planche à billet, à de l’argent Monopoly. C’est d’ailleurs bien ce qui inquiète les Allemands.