Chaque samedi, dans "Zoom arrière", Axel de Tarlé revient sur un fait économique ou sociétal qui a marqué la semaine. Aujourd'hui, il revient sur l'entrée en bourse remarquée de la maison de disque Warner, un retour par la grande porte du monde de la musique à Wall Street.
Warner (la maison de disque de Fleetwood Mac, Ed Sheeran, Phil Collins, ou Christophe Maé…) a vu son cours de bourse s’envoler de 20 %, mercredi, pour son premier jour de cotation à Wall Street.
Un retour triomphale des maisons de disque, alors qu'elles étaient données pour mortes, il n’y a pas si longtemps à cause du piratage. D’ailleurs, au passage, cette introduction en bourse a fait la fortune d’un homme d’affaires ukrainien, Len Blavatnik, qui avait racheté Warner en 2011, pour une bouchée de pain : trois milliards de dollars quand même. Mais enfin, au cours d’aujourd’hui, Warner est valorisé quinze milliards de dollars, cinq fois la culbute.
Et d’ailleurs, tout cela fait aussi les affaires d’un autre milliardaire, français cette fois : Vincent Bolloré, le patron de Vivendi. Vivendi, qui possède intégralement, Universal. Universal qui est, et de loin, la première maison de disque au monde, avec 30 % de part de marché, le double de Warner. Une véritable pépite avec Lady Gaga, Rihanna, Les Beatles, Stromae ou Johnny Hallyday.
Ça veut dire qu’on ne pirate plus la musique ? Les gens acceptent de payer pour écouter de la musique sur Internet ?
Exactement, c’est la révolution du streaming. Vous payez dix euros par mois, et vous avez accès à tous les artistes à volonté. Le leader mondial, Spotify compte 124 millions d’abonnés payants, plus 30 % en un an. Vous avez aussi Apple Music, et le petit Français Deezer, sept millions d’abonnés payants.
C’est la fin du mythe de l’Internet gratuit. On a longtemps pensé qu’Internet était le royaume du gratuit, c’est faux. Les gens acceptent de payer, on le voit aussi pour le cinéma. Après des années de piratage, voyez aujourd’hui le succès de Netflix, 180 millions d’abonnés payant dans le monde, dont quinze de plus avec le confinement.
Cela veut dire qu’il y a un espoir pour la presse écrite ? On sait que les journaux papiers se vendent de moins en moins. Existe-t-il un modèle économique durable pour la presse sur Internet ?
La musique nous montre qu’il n’y pas de fatalité. Aux Etats-Unis, le New-York Times compte près de quatre millions d’abonnés numérique payant. En fait, on s’aperçoit que les gens finissent par s’abonner, quand ils en ont assez de jongler entre les fake-news et les publicités qui jaillissent. En France, c’est vrai que la presse écrite a beaucoup souffert avec le confinement, même si les audiences des sites Internet ont explosé. On espère que cela se traduira par de nouveaux abonnements payants et durables.