Chaque dimanche, dans "Zoom avant", Axel de Tarlé se projette sur un fait économique ou sociétal.
La filière champenoise s’attend, pour cette année, à une baisse des ventes historique.
Et pour cause : partout dans le monde, le champagne est synonyme de fête, de célébrations, de mariage, de retrouvailles. Et partout dans le monde, non seulement, on n’avait pas la tête à la fête, mais surtout toutes les célébrations ont été annulées.
Résultat, en France, les ventes se sont écroulées de 80 %. Idem à l’étranger, où le champagne réalise la moitié de ses ventes. Sans compter que partout dans le monde, les bars, cafés et restaurant, ont dû fermer. C’est autant de vente en moins. Or, ils représentent un quart des débouchés pour la filière viticole.
Résultat, la filière champenoise table cette année sur une chute historique des ventes, d’un tiers, soit 100 millions de bouteilles invendues. Ce qui représente un manque à gagner de 1,7 milliards d’euros. C'est énorme.
Oui, mais, c’est momentané. Nous sommes en période de déconfinement, les ventes devraient repartir, non ?
Il faut l’espérer, même si, passé le moment d’euphorie lié au déconfinement et aux retrouvailles dans les cafés, la crise économique, la récession et le chômage ne sont pas très propice aux ventes de champagne et aux célébrations. Et donc, avec tous ces invendus, les vignerons redoutent maintenant une guerre des prix, ce qui veut dire moins de marge. Et puis, à terme, cela pourrait nuire à l’image du champagne, vu comme un produit en promotion.
En même temps le champagne reste très cher. Beaucoup préfèrent des vins pétillants, comme le Proséco italien, pour faire des Spritz (avec modération bien sur).
Exactement. En fait, le champagne était déjà attaqué avant le coronavirus. Attaqué, effectivement par le Proséco, ce vin pétillant italien, moins cher, et plus jeune. Car, justement, le champagne souffre de ce côté un peu trop cérémonial, dont on parlé. C’est le vin des grandes occasions, à Noël, ou pour un mariage. En gros, c’est "le vin des parents", un brin suranné.
La filière avait justement engagé une campagne de communication pour essayer de rajeunir son image, avec une consommation plus décomplexée, dans la cuisine, autour d’un œuf dur ou d’une boite de sardine. Mais, c’est compliqué parce qu’il ne faut pas non plus banaliser l’image du champagne, qui doit rester un produit d’exception.
C’est là un vrai défi pour une filière qui représente 30.000 emplois, et jusqu’à 120.000 saisonniers. Et une filière qui génère près de trois milliards d’euros à l’exportation. La France, n’a pas tellement de point fort à l’exportation. Le champagne en est un. Et il doit le rester.