Chaque samedi, dans "Zoom arrière", Axel de Tarlé revient sur un fait économique ou sociétal qui a marqué la semaine. Aujourd'hui, il revient sur la plainte pour plagiat déposé par le développeur français de jeux vidéo Ubisoft contre les deux géants américains Apple et Google.
C’est "Astérix, Le gaulois" contre "les Romains", version jeux vidéo. Ou encore, une version revisitée de "David contre Goliath". Le petit fabricant breton de jeux vidéo Ubisoft attaque en justice, pour plagiat, les géants américains Apple et Google.
Cette histoire est trop belle pour qu’on passe à côté. Imaginez le ring, le combat. A ma droite, le petit breton Ubisoft, fabricant de jeux vidéo, installé à Rennes. Valeur Boursière : huit milliards d’euros. Et à ma gauche : Apple et Google, deux géants qui pèse chacun 1.400 milliards de dollars, 150 fois plus. De quoi écrabouiller le petit français. Et bien, croyez le ou pas, le breton Ubisoft, veut se faire les deux, et en même temps. Ubisoft vient d’attaquer au Tribunal de Los Angeles, Google et Apple, tous les deux.
Pourquoi ? Quel est le motif de ce combat hors-norme ?
Depuis un mois, Google et Apple proposent de télécharger un jeu vidéo chinois, developpé par le géant Alibaba. Un jeu vidéo qui est, selon Ubisoft, "la copie conforme" du jeu développé en France par ses ingénieurs à Rennes, "Rainbow 6 : Siège". Or, ce jeu est la vache à lait du groupe français avec trois millions d’utilisateurs quotidiens. Et donc, le petit breton ne supporte évidemment pas de voir qu’il existe un plagiat et il veut faire valoir ses droits.
Mais Axel, si j’ai bien compris, c’est une société chinoise qui est à l’origine du plagiat. Donc, pourquoi Ubisoft ne s’attaque-t-elle pas directement à cette entreprise chinoise ? (plutôt que de s’en prendre à Google et Apple)
Ubisoft n’a visiblement que moyennement confiance dans la justice chinoise, et redoute que la procédure n’aboutisse jamais. Et c’est là, où cette histoire très instructive. On parle beaucoup de l’émergence de la Chine, qui deviendrait la première puissance mondiale. Sauf que pour faire des affaires, il faut un Etat de droit qui fonctionne, qui inspire confiance.
Et vous voyez, cette histoire est très révélatrice. En Chine, vos affaires peuvent tourner court à tout moment, faute d’une justice efficace. C’est évidemment un énorme frein pour y faire des affaires, l’absence de confiance, une limite à cet expansionnisme chinois.
Alors qu’aux Etats-Unis, vous voyez, même si vous êtes un (tout petit) breton, vous savez que vous avez (quand-même) toutes vos chances, face à deux mammouths de la Silicon Valley, Apple et Google. Et donc, on souhaite bonne chance à Ubisoft dans son combat pour faire valoir ses droits.