Un homme de 38 ans est décédé lundi soir après avoir reçu deux décharges de Taser lors d’une interpellation musclée de la police, à Colombes. Les fonctionnaires avaient été appelés sur les lieux d’une altercation entre la victime, un Malien en situation irrégulière, sous le coup d’une procédure d’expulsion, et un homme qui lui réclamait de l’argent.
L’homme, de forte corpulence, serait devenu extrêmement violent à l’arrivée des policiers, qu’il aurait attaqués à coups de marteau, avant de s’enfuir, selon les informations d’Europe 1. C’est au 12e étage d’un immeuble que les policiers sont finalement parvenus à le maîtriser, grâce à des décharges de Taser, mais aussi à l'usage de gaz lacrymogènes et d'un bâton de défense. Quatre fonctionnaires ont été blessés dans la mêlée.
"Il était dans un état de démence complète", assure Eric Draillard, directeur de la Sûreté territoriale des Hauts-de-Seine.
Ecoutez Eric Draillard :
Autopsie et enquête
Ce n’est qu’en arrivant au rez-de-chaussée que le Malien, immobilisé et menotté, a fait un malaise cardiaque. L’un des policiers a alors tenté de le réanimer grâce à un massage cardiaque, rapidement relayé par les pompiers, déjà sur place pour soigner des policiers blessés, puis par le Samu. En vain.
Le directeur du cabinet du préfet s’est rendu sur les lieux dans la soirée, tout comme des médecins légistes, selon Europe 1. Une autopsie sera également rapidement pratiquée. Elle "permettra de dire si notre pistolet est responsable de ce décès", a déclaré le directeur de Taser France, Antoine di Zazzo, qui a ensuite affirmé : "A ce jour, dans le monde, le Taser n'a jamais tué quelqu'un".
"Il y a eu trois tirs de Taser"
Un témoin de l'interpellation a affirmé mardi que la police avait tiré à trois reprises et que la victime avait été transportée comme un "sac de patates" jusqu'à l'ascenseur de l'immeuble. "Ils étaient au moins une dizaine de policiers. Il y a eu trois tirs de Taser", a déclaré Abdelmalek, occupant d'un appartement d'un immeuble de la rue Gabriel-Péri de Colombes qui affirme que le Malien de 38 ans a été maîtrisé par des policiers devant sa porte lundi soir.
Le témoin, qui n'a pas donné son patronyme, a raconté avoir assisté à l'arrestation sur le palier du 12e étage en regardant par le judas de la porte de son appartement. L'homme "a commencé à crier au premier tir. Après le deuxième tir, il donnait des coups de pied par terre et au troisième tir, alors qu'il était à terre, on n'entendait plus aucun bruit", a relaté Abdelmalek.
Pas d'interdiction envisagée
Le parquet de Nanterre a saisi l'Inspection générale des services (IGS) pour connaître les circonstances exactes de cette interpellation.Le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux a justifié mardi l'utilisation du Taser, en affirmant que "les policiers ont été contraints d'utiliser le pistolet à impulsions électriques". "J’observe que quatre policiers ont été blessés au cours de cette intervention. Je vous précise que l’alternative au taser, dans le monde entier, c’est l’arme à feu, là il n'y a pas eu d’arme à feu", a-t-il réagi au micro d'Europe 1.
Alliance (second syndicat de gardiens de la paix) a invoqué la "légitime défense", ajoutant que les policiers avaient été "victimes de l'acharnement de cet individu excessivement violent".
Cette mort relance le débat sur la dangerosité de l'arme. En France, c'est la première fois que la mort d'un homme coïncide avec son utilisation. Pour l'heure, Brice Hortefeux refuse de parler d'interdiction. "J'attends les conclusions de l'enquête pour prendre toutes les mesures qui s'imposent", a-t-il dit, avant de lancer : "l'alternative, c'est l'arme à feu".