Il y a 10 ans, Franck Dargent était en vacances en Thaïlande avec toute sa famille. Le 26 décembre 2004, un terrible tsunami frappe les côtes de plusieurs pays asiatiques. Le bilan est terrible : plus de 20.000 personnes perdront la vie. Parmi elles, se trouvent sa femme, deux de ses enfants et ses beaux-parents. Il a raconté son histoire au micro de Maxime Switek, vendredi matin.
Aucun pressentiment. "Je ne pressens à aucun moment que ça ne va pas", explique-t-il. Rétrospectivement, "la seule chose qui aurait pu me donner une indication, c'était le tremblement de terre où j'avais senti une très faible et légère secousse". Mais cette secousse trop légère ne lui permet pas d'imaginer, "une seule seconde", le terrible tsunami qui va suivre.
Le moment où tout bascule. Quelques minutes avant le tsunami, Franck Dargent s'absente pour aller chercher une cassette vidéo dans un magasin de l'hôtel. Il laisse sa femme et ses trois enfants au bord de la piscine tandis que ses beaux-parents sont dans leur chambre. "En redescendant dans une contre-allée", raconte-t-il, "je ne vois pas la mer en face de moi mais j'entends des bruits d'eau qui ressemblent à des bruits de turbine". "Je ne comprends pas ce qui se passe. Puis je vois les gens s'enfuir et découvre une énorme gerbe d'eau surgir sur moi".
"Couper le cerveau". Franck Dargent explique alors "couper son cerveau" et se mettre à courir. "Ce n'était plus la mer bleue, accueillante, mais un espèce d'énorme torrent de boue qui détruit tout ce qui passe". Si la situation est confuse, une seule chose se matérialise dans son esprit : "je comprends qu'ils sont en train de mourir".
La rage et la colère. "Je suis complètement spectateur et j'ai une rage folle", explique-t-il. "C'est à la fois de la rage, du désespoir, de la colère, de la sidération...". A partir de ce moment-là, "je vois la tête d'un enfant sortir de l'eau". Cette tête qu'il mettra du temps à reconnaître, c'est celle de son fils Raphael qui survivra au tsunami. Les autres membres de sa famille ont tous péri dans le drame.
Pas des bâtiments. Remarié en 2007, Franck Dargent refuse les expressions "refaire sa vie" ou "se reconstruire". "On nous assimile à des bâtiments dont on va reconstruire les fondations", s'indigne-t-il. "On évolue, on vieillit, on assimile, on se transforme et on fait les choses différemment", explique-t-il. Une "transfiguration personnelle", comme il la qualifie, qui l'a notamment conduit à créer sa fondation, Rainbow Bridge, qui vient en aide aux pays touchés par le tsunami.
"L'occasion de les faire vivre". Franck Dargent ne redoute pas cette date du 26 décembre et les 10 ans du tsunami : "pour les personnes qui sont passées par la catastrophe, on vit avec chaque année". Au contraire, dit-il, "c'est l'occasion de les faire vivre, de les ramener à nous". "C'est beau de rappeler leur souvenir et de le partager", conclut-il.
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Dargent : "J'ai ressenti la violence de la vague"par Europe1fr