Du point de vue de sa santé, le roi va bien. Il se remet de sa fracture de la hanche survenue au cours de sa partie de chasse à l'éléphant au Botswana et est sorti de l'hôpital mercredi midi. En revanche, les ennuis politiques, judiciaires et même personnels s'accumulent pour Juan Carlos. Europe1.fr fait le point.
Un trop généreux donateur. Mohamed Eyad Kayali, entrepreneur d'Arabie Saoudite mais vivant en Espagne, serait l'organisateur de la partie de chasse, affirme le quotidien espagnol El Mundo. Selon plusieurs sources interrogées par le journal, cet homme aurait entièrement réglé la facture (entre 7.000 et 30.000 euros) à l'entreprise de safaris. Mohamed Eyad Kayali est connu pour détenir des propriétés à Madrid et Marbella et se présente comme le représentant de la Maison royale saoudienne en Espagne.
Brouilles avec les partis politiques. Le gouvernement était-il au courant du voyage de Juan Carlos ? Le flou persiste toujours. Le Roi affirme qu'il a prévenu le Premier ministre, Mariano Rajoy ainsi que l'ambassade d'Espagne en Namibie, la plus proche du lieu de chasse. Du côté du gouvernement, on admet avoir été mis au courant que le Roi ne serait pas en Espagne car la réunion hebdomadaire prévue avec Juan Carlos avait été annulée. En revanche, le gouvernement précise qu'il n'était pas au courant des détails sur le voyage : le lieu et les motifs. Le Parti socialiste a embrayé et réclame une réponse "au malaise compréhensible des Espagnols ainsi qu'à "leur indignation".
En conflit avec les défenseurs des animaux. Juan Carlos s'est manifestement mis à dos les défenseurs des animaux. Non loin de l'entrée de l'hôpital, certains d'entre eux ont même protesté en brandissant des photos d'éléphants et de bébés phoques. La section espagnole de WWF s'est réunie et a entamé des démarches pour retirer au roi Juan Carlos le titre honorifique de président d'honneur de l'ONG qu'il avait obtenu en 1968. Une assemblée générale de membres doit ratifier l'accord avant l'été. Si la chasse aux éléphants est autorisée en Botswana, qui concentre environ 100.000 spécimens, l'organisation s'inquiète d'une image dégradée auprès de ses adhérents et du monde entier au courant de l'affaire.
Des rendez-vous manqués. A cause de sa hanche brisée, Juan Carlos ne pourra reprendre une activité normale que d'ici 45 jours. Il ne pourra donc pas participer aux célébrations des 60 ans de règne de la reine d'Angleterre ainsi qu'à la finale de la Ligue des Champions à Munich où il avait prévu de se rendre au cas où une équipe espagnole jouerait. Le roi d'Espagne était attendu à l'inauguration d'une usine Repsol à Carthagène et devait recevoir le ministre des Affaires étrangères indien. Raté.
15 minutes et puis s'en va. La reine Sofia a rendu visite lundi au roi d'Espagne mais... seulement quatre jours après son accident. L'entrevue n'a duré que quinze minutes selon les nombreux journalistes sur place. La raison de cette visite tardive ? La Reine avait entamé un voyage en Grèce au moment où Juan Carlos était transféré à Madrid. Elle avait planifié depuis longtemps de passer Pâques avec ses frères. Malgré l'accident, la reine n'avait pas modifié son agenda.
Le gendre toujours encombrant. L'ex-associé d'Inaki Urdangarin, le gendre du roi d'Espagne, affirme, avec preuves à l'appui, que Juan Carlos est intervenu en personne auprès de l'organisation de la Coupe de l'America pour que l'époux de la princesse Cristina puisse présenter une équipe de voile. Les preuves ont été remises au juge qui enquête déjà sur les activités frauduleuses présumées d'Inaki Urdangarin. Le projet "Ayre" de participation à cette course n'est pas arrivé à terme mais il s'agit d'un élément supplémentaire dans le dossier judiciaire du gendre, déjà impliqué dans un scandale de corruption.
En pleine crise économique et empêtrée dans cette affaire, la Maison royale avait, pour la première fois depuis l'avènement de la démocratie en Espagne, décidé, en décembre dernier, de publier ses comptes. Le salaire du roi d'un montant brut de 292.752 euros annuels avait ainsi été rendu public. Encore "intouchable" il y a quelques années, la royauté espagnole suscite un vif débat depuis l'affaire de cette partie de chasse manquée. A sa sortie de l'hôpital, le roi en personne a fait son mea culpa mercredi. "Je regrette beaucoup. Je me suis trompé et cela ne se reproduira pas".
Sa sortie de l'hôpital :