Les Etats-Unis ont achevé leur retrait d'Afghanistan dans la nuit de lundi à mardi, mettant un terme à leur plus longue guerre, mais laissant le pays aux mains des talibans, leurs ennemis de 20 ans. Accompagnant ce moment historique, douloureux pour le président Joe Biden, des coups de feu victorieux ont éclaté à Kaboul, les talibans célébrant leur prise de contrôle de l'aéroport de la capitale afghane. Mais alors que les forces américaines assurent avoir évacué 123.000 civils du pays, le Pentagone reconnaît tout de même n'avoir pas pu faire sortir autant de personnes que souhaité.
"Plus d'une semaine que je vis caché"
Beaucoup d'Afghans menacés par le nouveau pouvoir en place vont donc devoir vivre avec la crainte de représailles d'un régime violent. C'est notamment le cas de cet habitant de Kaboul, qui raconte sa situation sur place au micro d'Europe 1 et souhaite garder l'anonymat. "Il n'y a plus aucun étranger dans les rues, plus aucune personne qui travaillait pour le gouvernement afghan ou pour des organisations internationales. On a trop peur de sortir, ça fait plus d'une semaine que je vis caché", explique-t-il.
Cet habitant est en effet contraint de changer régulièrement de maison pour ne pas se faire repérer. "Les talibans n'ont pas encore montré toute leur cruauté parce que jusqu'ici, ils se sentaient surveillés par la communauté internationale. Mais je suis très inquiet maintenant que toutes les troupes étrangères quittent l'Afghanistan. Dans les provinces, là où elles n'étaient déjà plus là, les talibans battent et tuent les gens", a-t-il poursuivi. "Pas une heure ne passe sans que je me demande comment m'échapper. Ma fille fait des crises de panique, ça va devenir très compliqué de continuer à se cacher ainsi", a conclu l'Afghan.
Ce mardi matin un porte-parole des talibans a assuré vouloir conserver de "bonnes relations diplomatiques" avec les Etats-Unis. "Félicitations à l'Afghanistan (...) Cette victoire est la nôtre à tous", a déclaré Zabihullah Mujahid, depuis l'aéroport de Kaboul. "Nous voulons avoir de bonnes relations avec les États-Unis et le monde", a-t-il assuré. "C'est une grande leçon pour d'autres envahisseurs et pour notre future génération", a poursuivi le porte-parole. "C'est aussi une leçon pour le monde".