Les documents sont authentiques. Un mois après la révélation par Sky News de la fuite de 22.000 noms de membres de l’organisation Etat islamique (EI), ces documents ont été certifiés comme étant authentiques, par le Centre de lutte contre le terrorisme (CTC) de West Point.
Des documents authentiques
La chaîne américaine ABC News, qui s’est également procurée les documents fournis par un ancien membre du groupe Etat Islamique à des journalistes, les a fait analyser par le centre de lutte anti-terroriste de l’école militaire de West Point, aux États-Unis, une des plus prestigieuses du pays.
Selon le centre, 98% des documents que se sont procurés Sky News et NBC News sont authentiques. Il s’agit de la "plus grosse et la plus significative" fuite de documents touchant une organisation terroriste.
"Certains ont des doctorats, des masters, des MBA"
Dans les grandes lignes, les documents - qui contiennent les noms de 4.000 combattants étrangers originaires de 71 pays - montrent que ces hommes (et femmes) qui ont rejoint les rangs de l’EI en 2013-2014 sont moins enclins à devenir kamikazes et sont plus diplômés que ce à quoi les experts s’attendaient.
"Certains ont des doctorats, des masters, des MBA" détaille Brian Dodwell, directeur du centre de lutte anti-terroriste de West Point, à NBC News. En revanche, "ils occupaient, dans leur pays, des emplois en dessous de leur qualification, ce qui a pu être une source de frustration qui les a conduits à quitter le pays pour la Syrie", ajoute l’expert. Les documents montrent la diversité des profils : ancien stewart, vendeur de parfum, soldat ou encore dealer.
Moins de kamikazes, mais plus de combattants
Chacun de ces 4.000 combattants s’est vu demander, à son arrivée en Syrie, s’il souhaitait devenir kamikaze. Seuls 12% d’entre eux ont accepté. Un pourcentage faible, selon les experts, qui le comparent au nombre de combattants qui ont rejoint Al-Qaïda en Irak en 2006 et 2007, et qui étaient plus de 50% à vouloir se faire exploser.
Ces statistiques en dissent long sur la stratégie opérée par Daech. En ne privilégiant plus les kamikazes, "l’EI montre son intention d’étoffer ses troupes pour construire une armée conventionnelle", estime Brian Dodwell, qui précise aussitôt que l’organisation utilise quand même des kamikazes. "Un message un peu plus vendeur que celui de la mort".
Les 21-30 ans en grande majorité
Presque deux tiers des combattants figurant sur les documents sont âgés de 21 à 30 ans. Mais on sait aussi que quarante recrues avaient moins de 15 ans quand les documents ont été écrits. Enfin, seuls 4% des combattants ont entre 41 et 50 ans. Le plus vieux djihadistes de la base de données est quant à lui un homme originaire du Kirghizstan, âgé de 70 ans et père de cinq enfants. Enfin, six combattants sur 10 sont célibataires, 30% sont mariés. Au total, ces hommes sont parents de plus de 2.000 enfants.
Ces 4.000 hommes viennent de 71 pays différents, mais l’Arabie Saoudite est la première source, avec 797 combattants. Elle est suivie par la Tunisie avec 640 hommes, puis le Maroc avec 260 volontaires au djihad. La liste cite aussi un islandais, treize Australiens ou encore deux habitants de Trinidad-et-Tobago. Au total, 10% de ces soldats de Daech sont originaires de pays occidentaux. 128 viennent de France, 80 d’Allemagne.
Un recrutement un peu différent
Les experts de West Point se sont aussi intéressés à ce qui a pu être le déclencheur de l’engagement de ces combattants. Selon les données récoltées, la plus grosse phase de recrutement a eu lieu en juillet 2014 lorsque l’organisation Etat islamique a annoncé la création d’un califat.
Enfin, sur ces listes de noms, les experts ont pu relever des indications sur le profil de chaque nouvelle recrue comme ses compétences particulières en chimie ou encore en manipulation d’explosifs.