Deux hauts responsables sud-coréens sont partis jeudi pour Washington pour rendre compte de leur visite à Pyongyang et évoquer notamment la proposition nord-coréenne d'un dialogue sur son arsenal nucléaire.
"Un message de la Corée du Nord pour les États-Unis". Le conseiller national sud-coréen à la Sécurité Chung Eui-yong rencontrera de hauts responsables américains, et notamment le conseiller à la sécurité nationale, H.R. McMaster, et le secrétaire d'État Rex Tillerson, a indiqué l'agence sud-coréenne Yonhap. "Nous avons un message de la Corée du Nord pour les États-Unis", avait déclaré mardi aux journalistes Chung Eui-yong à son retour de Pyongyang.
Après s'être longuement entretenu lundi avec Kim Jong-un, Chung Eui-yong a assuré que le leader nord-coréen était désormais prêt à bouger sur le dossier longtemps tabou de l'arsenal nucléaire de Pyongyang, "si les menaces militaires contre le Nord disparaissent et si la sécurité de son régime est garantie".
Un nouveau pas vers la détente. Ce rebondissement spectaculaire, qui n'a pas été confirmé par Pyongyang, s'inscrit dans le cadre de la remarquable détente qui s'est amorcée sur la péninsule depuis le début de l'année à la faveur des Jeux olympiques d'hiver de Pyeongchang, après deux années de très fortes tensions liées au programmes nucléaire et balistique nord-coréens. Nord et Sud ont également décidé, selon Séoul, de la tenue fin avril d'un troisième sommet intercoréen, après ceux de 2000 et 2007.
Des visites en Chine, en Russie et au Japon. Chung Eui-yong est accompagné lors de sa mission aux États-Unis par chef du Service du renseignement de Corée du Sud (NIS), Suh Hoon, qui faisait également partie de la délégation qui s'est rendue à Pyongyang en début de semaine.
Chung Eui-yong se rendra ensuite en Chine et en Russie, tandis que Suh Hoon ira au Japon. Ces trois pays font officiellement partie avec les deux Corées et les États-Unis du processus de "pourparlers à six" sur le nucléaire nord-coréen, au point mort depuis 2008.
"Ce serait bien pour le monde", estime Trump. Le président américain Donald Trump, qui échange depuis son élection les insultes et les menaces apocalyptiques avec Kim Jong-un, s'est félicité de ce rebondissement dans le dossier coréen, jugeant mardi que les déclarations venues du Sud comme du Nord étaient "très positives". "Ce serait bien pour le monde, bien pour la Corée du Nord, bien pour la péninsule, mais nous verrons ce qui va se passer", a-t-il ajouté, jugeant "sincère" l'offre de dialogue formulée par Pyongyang.
Shinzo Abe reste réservé
Le Premier ministre japonais a quant à lui émis des doutes jeudi sur la proposition de Pyongyang, dans laquelle il voit un possible stratagème pour gagner du temps. Il a appelé Pyongyang à prendre des mesures "concrètes".
"Négocier pour négocier n'a pas de sens". "J'ai dit à plusieurs reprises que nous devions exercer une pression maximale sur la Corée du Nord afin qu'elle ait envie de discuter avec nous", a déclaré Shinzo Abe au Parlement. "Cependant (...) il est vrai que la Corée du Nord a par le passé gagné du temps pour développer des capacités nucléaires et des missiles" pendant des périodes de négociations, a mis en garde le Premier ministre. "Négocier pour négocier n'a pas de sens et nous ne devrions jamais relâcher les sanctions simplement parce que la Corée du Nord est ouverte à des discussions", a-t-il encore ajouté.
Des négociations qui s'annoncent difficiles. Les analystes avertissent que toute négociation sera semée d'embûches et rappellent les précédentes initiatives diplomatiques sans lendemain. Le Japon, proche allié des États-Unis dans la région, est dans la ligne de mire des missiles nord-coréens dont deux ont déjà survolé son territoire en 2017.
"La Corée du Nord doit mener des actions concrètes vers la dénucléarisation en s'engageant à abandonner son programme nucléaire de manière complète, vérifiable et irréversible", a déclaré Shinzo Abe, qui doit recevoir la semaine prochaine un émissaire sud-coréen qui lui rendra compte de ses discussions avec la Corée du Nord.