Des musulmans se sont rendus dimanche dans les églises d'Italie, comme en France, en signe de solidarité après l'assassinat d'un prêtre mardi par deux djihadistes pendant la messe dans le nord-ouest de la France.
"On peut gagner seulement ensemble". De Milan au nord à Palerme au bout de la Sicile, de petites délégations d'imams, de responsables et de fidèles devaient se rendre dans les églises à la rencontre des catholiques avant et pour certains pendant la messe. "Avec nos frères musulmans qui sont là aujourd'hui, nous demandons au Seigneur le don de la paix", a déclaré Mgr Gennaro Acampa, évêque auxiliaire de Naples, lors d'une messe à la cathédrale.
A Rome, une délégation s'est rendue à l'église Santa Maria di Trastevere, quartier général de la communauté de Sant'Egidio, connue pour ses efforts de médiation à travers le monde. "On peut gagner seulement ensemble !", a martelé sur sa page Facebook la Confédération islamique italienne, l'une des organisations musulmanes ayant appelé à se rendre dans les églises "pour donner un témoignage concret de fraternité spirituelle et de respect des rites, des ministres et des lieux de culte des chrétiens". "Merci à tous ces Italiens de religion musulmane qui indiquent à leur communauté la voie du courage contre le fondamentalisme", a salué sur Twitter le ministre des Affaires étrangères, Paolo Gentiloni.
Un "show" pour certains. Mais l'appel a été diversement apprécié parmi les musulmans d'Italie, estimés à plus d'un million, essentiellement issus de l'immigration mais aussi convertis, qui dénoncent régulièrement le manque d'ouverture de la société italienne à leur égard. "Je n'irai pas à l'église (...). Chacun ses rites, la majeure partie des musulmans vivant en Italie n'iront pas", a déclaré à La Stampa Omar Camilletti, l'un des responsables de la grande mosquée de Rome, dénonçant un "show" qui ne résoudra rien. La mosquée de Rome est engagée dans un dialogue à long terme avec les catholiques, ses fidèles se rendent régulièrement dans les églises pour participer aux actions sociales: "Je préfère ce travail de l'ombre".