La vie reprend à Mossoul, malgré la peur

Dans la partie Est de Mossoul, les rues sont à nouveau congestionnées et presque tous les magasins ont rouvert.
Dans la partie Est de Mossoul, les rues sont à nouveau congestionnées et presque tous les magasins ont rouvert. © AFP
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Gwendoline Debono avec C.O. , modifié à
Les forces spéciales irakiennes appuyées par la coalition ont repris le contrôle de la moitié de Mossoul, il y a quinze jours. Depuis, une partie de la ville est revenue à la vie.
L'ENQUÊTE DU 8H

Il y a un mois, à Mossoul, seuls les soldats sillonnaient les rues et les djihadistes faisaient exploser leurs voitures-suicide à chaque carrefour. Aujourd'hui, la ville irakienne, ex-capitale autoproclamée de l'Etat islamique en Irak, s'est transformée. Les forces spéciales irakiennes appuyées par la coalition ont repris le contrôle d'une partie de la cité, il y a quinze jours. Les rues sont à nouveau congestionnées par les embouteillages et presque tous les magasins ont rouvert.

"J'ai commencé une deuxième vie". Depuis trois semaines, militaires et habitants déjeunent ainsi au restaurant Ikhlas, devant lequel il y a peu le groupe EI pratiquait des exécutions publiques. "Les djihadistes bloquaient la rue une heure avant. Ils amenaient les prisonniers et j’espérais bêtement qu’ils allaient les épargner. Mais ils leur tiraient dessus ou ils les décapitaient avec le sabre", raconte Abou Omar, le propriétaire du restaurant. "Alors après tout ça, je me sens comme quelqu’un qui sort tout juste de prison. Débarrassé de cette peur à chaque instant, à l’aise. J’ai l’impression d’avoir commencé une deuxième vie".

Une angoisse diffuse. Pour autant, les habitants ne se sentent pas tous rassurés. L'apparente normalité cache une angoisse diffuse que peu osent exprimer. Ils craignent le retour des djihadistes, qui avant de partir, ont juré de revenir pour tuer tous les mécréants. "Il y a des gens qui ont toujours peur que le groupe EI revienne vraiment et les tue. D’ailleurs, observez ! C’est pour cela que certains hommes ne rasent pas leur barbe", constate, Younes, un habitant. "Même après la libération, des voisins ont décidé de quitter Mossoul. Ils partent à cause de l’incertitude. Parce que nous avons encore en mémoire cette armée qui, il y a deux ans, a fui la ville face à quelques centaines de djihadistes."

La rive ouest encore contrôlée par l'EI. Cette peur est particulièrement présente près de la ligne de front, sur les bords du fleuve, le Tigre. La rive ouest est encore contrôlée par l'EI. Malgré les snipers et les unités de l'armée, les djihadistes arrivent encore à s'infiltrer en traversant le Tigre. "Je fais partie de ces gens qui ont peur, parce que je vis près du fleuve", confie Mohamed, un commerçant qui vit dans ce quartier. "Il y a trois jours, les djihadistes ont traversé et brûlé des maisons. Ils ont finalement été tués, mais c’est tout de même un peu stressant". Un officier reconnaît que, dans ce quartier, il y a encore des soutiens de l'EI. "C'est une cellule dormante", jure un lieutenant, "mais nous allons la neutraliser".