La légende africaine du football et sénateur George Weah a largement remporté l'élection présidentielle au Liberia, avec 61,5% des suffrages lors du second tour mardi, contre 38,5% pour son adversaire, le vice-président Joseph Boakai. Ces chiffres, attendus avec de plus en plus d'impatience deux jours après le scrutin de mardi, portent sur 98,1% des suffrages exprimés, a indiqué lors d'une conférence de presse le président de la Commission électorale nationale, Jerome Korkoya. Un peu plus de deux millions d'électeurs (2,1) étaient inscrits.
Attaquant star de Monaco, du PSG et de l'AC Milan dans les années 1990, George Weah doit succéder le 22 janvier à Ellen Johnson Sirleaf, marquant ainsi la première transition démocratique depuis plus de 70 ans dans ce pays anglophone d'Afrique de l'Ouest.
George Weah, 51 ans, favori après être sorti vainqueur du premier tour du 10 octobre avec plus de 38% des voix, s'est montré sûr de lui avant et après le jour de l'élection. "Le peuple libérien a clairement fait son choix (mardi) et, ensemble, nous sommes confiants quant à l'issue du processus électoral", a tweeté mercredi le Ballon d'Or 1995.
Le peuple libérien a clairement fait son choix hier et ensemble, nous sommes confiants quant à l’issue du processus électoral. #Liberia#Liberia2017
— George Weah (@GeorgeWeahOff) 27 décembre 2017
Dans l'autre camp, on ne voulait pas s'avouer vaincu. Mais certains de ses partisans commençaient à trouver le temps long. "On s'inquiète parce que tout le monde voit les résultats, mais la NEC (la Commission électorale nationale) ne veut pas les annoncer. C'est inquiétant. Plus ils tardent, plus ça devient risqué", avait déclaré, peu avant l'annonce des résultats, un de ses supporters, Daniel Mlehn.
Joseph Boakai, 73 ans, voulait lui aussi encore y croire. "On attend les résultats définitifs. On parle de Weah, mais ce sont uniquement ses comtés, pas les miens", a déclaré le vice-président sortant à un petit groupe de journalistes en début d'après-midi, jeudi. George Weah avait déjà reçu les "félicitations" d'une autre star du foot africain, l'Ivoirien Didier Drogba. "Merci Didier de ton soutien, nous sommes tous les deux soucieux et conscients du destin de nos peuples. Suivons le même chemin…", a répondu en français l'ancien Parisien sur Twitter.
Merci Didier de ton soutien, nous sommes tous les deux soucieux et conscients du destin de nos peuples. Suivons le même chemin... https://t.co/6ezX3wnt75
— George Weah (@GeorgeWeahOff) 28 décembre 2017
"Le changement est en route". Jeudi soir, George Weah s'est adressé à ses concitoyens dans un tweet. "Mes collègues libériens, je me sens profondément l’émotion de toute la nation", écrit-il. "Je mesure l’importance et la responsabilité de la tâche immense qui j’embrasse aujourd'hui. Le changement est en route" .
My fellow Liberians, I deeply feel the emotion of all the nation. I measure the importance and the responsibility of the immense task which I embrace today. Change is on.
— George Weah (@GeorgeWeahOff) 28 décembre 2017
Mercredi, le secrétaire d'État chargé des relations avec le Parlement Christophe Castaner avait salué le destin de l'ancien footballeur : "J'aime le parcours extraordinaire de cet homme. Bonne chance Mister George !"
J'aime le parcours extraordinaire de cet homme. Bonne chance Mister Georges! #Liberia2017https://t.co/qD4D6AY7RN
— Christophe Castaner (@CCastaner) 27 décembre 2017
Pas d'alternance démocratique depuis 1944. Le Liberia n'a pas connu d'alternance démocratique depuis 1944. Et près de trois décennies après le début d'une guerre civile particulièrement atroce - 250.000 morts entre 1989 et 2003 - il s'apprête à vivre une transition du pouvoir en douceur.
La présidente sortante, Ellen Johnson Sirleaf, a signé mardi un décret établissant une "équipe de transition", composée de plusieurs ministres, pour organiser un "transfert ordonné du pouvoir" à son successeur. Le Liberia, qui peine à se remettre de l'épidémie d'Ebola, vit encore dans le souvenir de Charles Taylor, 69 ans, ancien chef de guerre puis président (1997-2003), prédécesseur d'Ellen Johnson Sirleaf. Condamné par la justice internationale à 50 ans de prison, il purge sa peine en Grande-Bretagne pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre perpétrés dans la Sierra Leone voisine.
Un scrutin salué à l'international
Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, et le chef des observateurs de la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), l'ancien président du Ghana John Dramani Mahama, ont salué "la tenue pacifique" du scrutin. La chef de la mission d'observation de l'UE, Maria Arena, a également félicité les candidats et le peuple libérien pour un scrutin qui s'est déroulé dans le calme et a "globalement respecté les règles constitutionnelles". Finalement organisé au lendemain de Noël, le second tour avait été reporté de sept semaines en raison de contestations des résultats du premier tour du 10 octobre par plusieurs candidats.